Yanick Noiseux, Thomas Collombat

Résumé

Le syndicalisme est-il un groupe de pression ? La question peut sembler provocatrice, voire incongrue, compte tenu du titre de l’ouvrage dans lequel s’insère ce chapitre. Pourtant, elle est au cœur des études sur ce mouvement depuis ses premières heures, et à ce titre elle mérite d’être posée. Elle revient en fait à interroger la nature même du syndicalisme, non seulement dans son rapport à l’État et aux autorités publiques, mais aussi dans sa logique de représentation et ses dynamiques internes.

Dès ses origines, le mouvement syndical intervient à la fois dans les milieux de travail, pour représenter et défendre les travailleurs face à leur employeur, et dans la société, pour porter plus largement les intérêts de la classe ouvrière. Le chapitre offre une analyse du syndicalisme québécois dans la lignée de cette tradition dialectique en prenant en compte les spécificités et les contradictions internes du mouvement. Nous y étudions son positionnement vis-à-vis de l’État, mais toujours en le plaçant dans le contexte des transformations du travail, dans lesquelles tous les volets de l’action syndicale s’inscrivent nécessairement. Il s’agit par ailleurs de réfléchir plus spécifiquement sur les changements récents entraînés par la dérégulation des marchés et les remises en cause de l’État-providence, et sur leurs impacts sur le syndicalisme dans sa capacité à représenter le travail tant dans les entreprises que dans le champ politique.

Noiseux, Yanick et Thomas Collombat. « Le syndicalisme est-il un groupe de pression? », dans Brady, Jean-Patrick et Stéphane Paquin (dir.), Groupes d’intérêt et mouvements sociaux, Presses de l’Université Laval, coll. Prisme, 2016.