Manuel Salamanca Cardona

Résumé

Cet article explore le rôle des agences d’emploi temporaire à Montréal dans l’exploitation de la main-d’oeuvre immigrante et la relation de ces agences avec le racisme systémique au Québec. L’hypothèse qui guide cet article est que la dérégulation des agences et les vulnérabilités produites par les statuts migratoires des travailleurs sont des facteurs qui font du travail intérimaire une composante du racisme systémique sur le marché du travail québécois. Nous cherchons ici à analyser si le régime de travail intérimaire s’articule avec la discrimination fondée sur le statut d’immigration et le racisme systémique. Dans cet article, j’aborde d’abord ce qu’est le travail intérimaire et ses effets sur les conditions de travail en soulignant l’importance de l’utilisation de la main-d’oeuvre immigrante. Par la suite, je revisite les schémas historiques de discrimination raciale au Canada et au Québec, puis je présente et analyse certaines expériences d’abus et de discrimination en milieu de travail ainsi que certaines pratiques d’agence dans la gestion des vulnérabilités des immigrants. Ces analyses sont tirées d’entrevues avec 42 travailleurs immigrants ainsi que d’entretiens avec des organisateurs du Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTI) et de l’Association des travailleurs et travailleuses d’agences de placement de Montréal (ATTAP).