Sid Ahmed Soussi

Résumé

Le racisme et les formes de discrimination sous lesquelles il se manifeste peuvent trouver dans le monde du travail des espaces propices à leur expression. Certains milieux du travail le sont plus que d’autres, comme ceux où il y a une présence significative d’employéses d’origines ethnoculturelles diverses ou de « travailleurs-es issus-es de l’immigration1 ». Ce type de discrimination, souvent qualifiée de « rapports sociaux racisés » dans la recherche sociale (Soussi, 2013), est attribué à certains facteurs comme le déficit d’intégration économique ou culturelle, ou à des comportements xénophobes suscités entre autres par la peur de l’altérité. Dans tous ces cas, la lutte contre les effets néfastes de ce « racisme ordinaire » tire — à tort ou à raison — une partie de sa légitimité du fait que ce racisme est d’autant plus inadmissible qu’il frappe des citoyens ou des résidents permanents (Sharma, 2006) et qu’il contrecarre les efforts d’intégration déployés par la société civile et les politiques publiques mises en œuvre par l’État. Qu’en est-il, dès lors, des milieux du travail où le recours aux travailleurs migrants temporaires est devenu un phénomène en pleine croissance, accéléré par la remarquable expansion de « programmes de travailleurs étrangers temporaires » (PTET) conçus et gérés par l’État au Canada?

Soussi, Sid Ahmed. « Discrimination salariale ou racisme institutionnel? », Droits et libertés, vol. 35, no. 2, automne 2016, p. 24-26.