Diane Gagné

Résumé

Nous assistons actuellement à la précarisation des emplois (plus du tiers des travailleurs seraient atypiques2 ) et au déclin du secteur manufacturier (fermeture et suppression de postes font les manchettes chaque semaine depuis plusieurs mois). La négociation devient raisonnée et en continue et les conventions collectives sont de plus longue durée. Le rapport de force est inversé. Les employeurs décrètent des lock-out de longue durée (Journal de Québec, Pétro-Canada, Journal de Montréal, Rio Tinto, etc.) pendant que dans le secteur public les syndicats se mobilisaient et faisaient front commun (2009) afin d’éviter de se faire imposer des conditions salariales par des mesures législatives, comme en 2005. La réorganisation et la flexibilité se négocient en échange d’une protection accrue pour ceux qui restent, conduisant à une prolifération de nouvelles formes d’emploi atypique. La constitutionnalisation du droit du travail, pour sa part, change le rapport à l’universalisme syndical. C’est pourquoi il y a lieu de se questionner. Puisqu’il y a moins de stabilité en emploi, et que les concepts d’ancienneté et de loyauté n’ont plus la même signification et que cette situation fragilise le sentiment d’appartenance et individualise la société (Brunelle : 2001, 2002, 2004). Cela étant, cet article, brossant la cartographie de la situation, veut jeter un éclairage sur les défis contemporains pour le mouvement syndical, découlant tant du droit du travail et de l’emploi que de la conjoncture actuelle.

Gagné, Diane. « Le mouvement syndical québécois face à une période de morosité mondialisée : Défis et opportunités? », Revue internationale sur le travail et la société, vol.11, no. 1, 2013, p.45-75.