Les chroniques des conflits de travail (CCT) consistent à documenter l’histoire, les revendications, les actions et les enjeux, notamment juridiques, de conflits du travail, passés ou présents. Par là, elles veulent contribuer à alimenter les recherches sur les pratiques de résistance et de mobilisations collectives des travailleurs et des travailleuses en lutte contre l’exploitation. Cette chronique présente une chronologie de la grève illimitée menée par la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) de novembre à décembre 2023. Cette mobilisation visait à dénoncer l’inaction du gouvernement face aux revendications concernant les conditions de travail, la composition des classes et les salaires des enseignants. Malgré des tentatives de négociation, le gouvernement n’a proposé que des concessions insuffisantes, menant à une grève historique impliquant 65 500 enseignant·e·s. La mobilisation a culminé le 23 novembre 2023, date marquée par une manifestation massive et un soutien important du public. Après cinq semaines de grève, une entente de principe a finalement été conclue, bien que celle-ci ait suscité des réactions mitigées parmi les membres, en raison de compromis perçus comme insuffisants face aux attentes initiales.
Les chroniques des conflits de travail (CCT) consistent à documenter l’histoire, les revendications, les actions et les enjeux, notamment juridiques, de conflits du travail, passés ou présents, en vue d’alimenter la recherche sur les pratiques de résistance et de mobilisations collectives des travailleurs et des travailleuses contre l’exploitation. Les 30 syndicats impliqués dans le secteur de l’hôtellerie mènent une plateforme commune de revendications pour négocier avec leurs employeurs, tout en conservant la liberté d’ajouter des demandes spécifiques et de choisir leurs moyens d’action. Sans convention collective depuis le 30 juin 2024, plusieurs grèves ponctuelles ont eu lieu durant l’été. Le 12 septembre, les employés de l’hôtel Bonaventure à Montréal ont entamé une grève illimitée, suivis le lendemain par ceux de l’hôtel PUR à Québec. Les travailleurs de l’hôtel Delta à Sherbrooke, quant à eux, ont adopté une banque de 120 heures de grève. La présente chronique vise à faire un bref survol de cette lutte syndicale.
Les chroniques des conflits de travail (CCT) consistent à documenter l’histoire, les revendications, les actions et les enjeux, notamment juridiques, de conflits du travail, passés ou présents, en vue d’alimenter la recherche sur les pratiques de résistance et de mobilisations collectives des travailleurs et des travailleuses contre l’exploitation. Le 15 septembre 2022, la Société des arrimeurs de Québec (SAQ) déclenche un lock out à l’encontre des 81 débardeurs du Port de Québec. En septembre 2024, deux ans plus tard, le lock out est toujours en vigueur et les activités du Port de Québec semblent fonctionner « normalement ». Elles seraient même en légère hausse. Il faut dire que dans la mesure où les ports relèvent de la compétence fédérale, la SAQ peut légalement recourir à des briseurs de grève.
Les chroniques des conflits de travail (CCT) consistent à documenter l’histoire, les revendications, les actions et les enjeux, notamment juridiques, de conflits du travail, passés ou présents. Par là, elles veulent contribuer à alimenter les recherches sur les pratiques de résistance et de mobilisations collectives des travailleurs et des travailleuses en lutte contre l’exploitation. Cette chronique est consacrée à la grève des 65 500 enseignantes (du préscolaire, du primaire, du secondaire, de l’enseignement en milieu carcéral, de la formation professionnelle et de l’éducation des adultes) syndiquées à la Fédération autonome de l’enseignement (FAE[1]) qui a été déclenchée le 23 novembre 2023 avec un mandat de grève illimitée et qui a pris fin après cinq semaines. En guise d’introduction, cette chronique revient d’abord sur le contexte de cette grève, la dynamique syndicale dans laquelle elle s’inscrit ainsi que sur les revendications (partie 1). Elle présente ensuite une chronologie détaillée des évènements qui veut rendre compte des paradoxes du conflit et de quelques-uns des enjeux qu’il soulève (partie 2). En conclusion, elle propose quelques pistes de réflexion (partie 3). L’ensemble a été exclusivement rédigé à partir des articles de presse, communiqués syndicaux, chroniques, synthèses ou commentaires repérés sur les pages Facebook (de la FAE, des syndicats membres de la FAE et du Front commun) qui ont été publiés, et ce jusqu’à trois mois après la signature de l’entente mettant fin à la grève.
De nouvelles opportunités s’offrent au mouvement syndical. La rareté de la main-d’oeuvre et la situation économique (inflation) procurent une conjoncture favorable aux organisations syndicales leur permettant de regagner du terrain perdu. De plus, outre la récente décision de la Cour d’appel du Québec concernant les travailleurs et travailleuses étudiants d’ABI – qui reconnait que ceux-ci ne peuvent pas être payés moins pour accomplir des tâches équivalentes – de récents changements législatifs rendent plus difficiles l’adoption de clauses de disparité de traitement et commandent l’obligation d’une rémunération équivalente pour les travailleurs et travailleuses d’agence. Reconnaissant la nécessité du changement organisationnel, thématique de ce numéro, pour les différentes parties prenantes du monde du travail, les auteur.es posent alors cette question : comment les organisations syndicales pourraient saisir l’occasion qui se présente? Dit autrement, comment pourraient-elles contribuer à réduire la précarité en emploi tout en assurant la pérennité des organisations ? Après cinq décennies de « vent de face », les astres sont alignés pour que le mouvement syndical reprenne l’offensive et travaille à renverser la vapeur de la précarisation du travail, Pour se faire, il faut sortir du carcan de leur corporatisme syndical, et surtout ne pas « surfer » sur la satisfaction des membres. Il faut au contraire des actions d’éducation, de mobilisation et de sécurisation, afin de contrer la précarisation du marché du travail. Cette conjoncture favorable doit aussi bénéficier aux travailleurs et travailleuses précaires, une telle opportunité ne se représentera pas souvent!
Le vendredi 10 mai 2024, le Groupe interuniversitaire et interdisciplinaire de recherche sur l’emploi, la pauvreté et la protection sociale (GIREPS), en collaboration avec l’organisme Relais-femmes, a organisé un premier séminaire portant sur la transition socio-écologique. Cette note résume les discussions ayant eu cours lors de l’événement.
Les chroniques des conflits de travail (CCT) consistent à documenter l’histoire, les revendications, les actions et les enjeux, notamment juridiques, de conflits du travail, passés ou présents. Par là, elles veulent contribuer à alimenter les recherches sur les pratiques de résistance et de mobilisations collectives des travailleurs et des travailleuses en lutte contre l’exploitation. En avril 2021, les 1050 employé·e·s de l’usine d’abattage de porcs d’Olymel à Vallée-Jonction, en Beauce, déclarent la grève illimitée. Cette grève, qui durera plus de quatre mois, a mis à l’avant-plan bon nombre d’enjeux qui débordent de ce secteur d’activité: précarisation de l’emploi, stratégies antisyndicales, désindustrialisation, réalités du travail en région et en milieu rural. Dans un contexte d’érosion du syndicalisme dans le secteur privé et d’individualisation du rapport au travail, le cas « Olymel » permet de dépeindre l’expérience d’un conflit de travail récent impliquant des salarié·e·s à temps plein en « usine » – norme typique du régime fordiste –, autant dans ses gains que dans ses inévitables difficultés.
Les chroniques des conflits de travail (CCT) consistent à documenter des conflits du travail présents ou passés. Elles compilent des informations sur l’histoire, les revendications, les actions, les enjeux juridiques des luttes susceptibles d’alimenter des recherches sur les résistances et d’actions collectives des travailleurs et des travailleuses contre l’exploitation. La grève de la Société Québécoise du Cannabis (SQDC) fut l’une des plus longues grèves de ces dernières années, au Québec1. Pendant 17 mois, environ 300 travailleurs et travailleuses affilié·e·s à la FTQ ont multiplié les moyens de pression, piqueté devant les succursales, en hiver comme en été, pour tenter d’obtenir une augmentation de salaire, une amélioration de leurs conditions de travail et pour lutter contre la précarité des surnuméraires. Durant toute la durée du conflit, la SQDC a tenté de diviser les syndiqué·e·s, rejeté leurs revendications, suspendu des dizaines de travailleur·euse·s pour avoir refusé de porter l’uniforme réglementaire, multiplié les procédures judiciaires et recouru à des briseurs de grève. Cette note revient sur cette lutte, en retraçant brièvement l’émergence de la toute jeune société d’État et ses objectifs (1). Elle aborde ensuite la « bataille intersyndicale » que se sont livrées les deux plus grandes centrales syndicales (FTQ et CSN) pour tenter de syndiquer les travailleurs et travailleuses des succursales qui, à partir de 2018, s’ouvrent progressivement un peu partout au Québec (2). La partie suivante retrace de manière chronologique les principaux évènements qui ont marqué la grève (3). En conclusion, nous présenterons quelques pistes de réflexion (4)
Rédigé par Mylène Fauvel, Yanick Noiseux et Ophélie Couspeyre et élaboré par le GIREPS en partenariat avec le Réseau québécois de l’action communautaire autonome (RQ-ACA), la Table nationale des Corporations de développement communautaire (TNCDC), l’Observatoire de l’action communautaire autonome (OACA) et le Comité sectoriel de main-d’œuvre Économie sociale et Action communautaire (CSMO-ÉSAC), le rapport de recherche illustre le fait que les interventions gouvernementales, mises en place notamment dans le contexte pandémique, ont contribué à la dévalorisation et à la précarisation des conditions de travail et d’emploi au sein des organismes communautaires. Ces dynamiques se traduisent par l’accroissement de la surcharge de travail et l’épuisement des travailleuses et travailleurs du communautaire. Télécharger le rapport complet Quelques faits saillants Durant la pandémie de la COVID-19, les gouvernements – tant au provincial qu’au fédéral –ont eu recours aux organismes communautaires qu’ils considéraient comme « essentiels » pour répondre aux besoins socio-économiques émergeants et mitiger les répercussions des mesures sanitaires sur les populations vulnérables. L’État n’a pas eu le réflexe de penser aux organismes communautaires lorsqu’est venu le temps de mettre en place des consignes et des directives sanitaires. Ces consignes et directives, arrivées tardivement, étaient bien souvent inadaptées à la réalité des organismes (pratiques et types d’intervention, taille et disponibilités des locaux, etc.). Des fonds d’urgence ont été mis en place pour appuyer les organismes communautaires dans la réalisation de leur mission, pour l’adaptation aux consignes sanitaires et pour le développement de nouveaux services et activités. Ces fonds étaient toutefois presque toujours non récurrents et orientés vers les priorités gouvernementales, le plus souvent accompagnés de lourds processus de demandes de financement et/ou de redditions de compte. Ces fonds n’ont pas permis d’améliorer de manière pérenne les conditions de travail dans les organismes communautaires et ont posé des enjeux quant au respect de l’autonomie des organismes communautaires dans l’identification de leurs priorités d’action. Les gouvernements, tant provincial que fédéral, ont joué un rôle actif pour aiguiller des chômeur·euse·s pandémiques, des jeunes et des étudiant·e·s vers les organismes communautaires afin qu’ils et elles y effectuent un travail gratuit ou quasi gratuit, alors qu’on a généralement opté pour des emplois rémunérés ou à différentes primes dans d’autres secteurs d’activités. La gestion de la crise sanitaire par l’État a contribué à dévaloriser et à précariser le travail effectué dans le secteur communautaire, notamment en mobilisant des discours s’appuyant sur une rhétorique de la vocation et du « don de soi » pour répondre aux besoins de maind’oeuvre dans le secteur. Les remerciements et, plus largement, la reconnaissance symbolique de l’État ne sont pas accompagnés d’une reconnaissance concrète et par l’octroi de financement conséquent répondant aux besoins exprimés par le secteur communautaire. Cette situation a mené à l’indignation de nombreux travailleurs et travailleuses du secteur plus que jamais confronté·e·s aux doubles standards, notamment lorsqu’ils et elles côtoyaient du personnel du réseau public pour accomplir des tâches similaires. La surcharge de travail et l’épuisement professionnel dans les organismes communautaires a atteint un « point de rupture » et de non-retour durant la pandémie, et ce en raison d’une surcharge accrue de travail découlant notamment des tâches excédentaires liées au recrutement, à l’accompagnement et à l’encadrement des bénévoles. Le contexte de délestage et les répercussions délétères liées au caractère inadapté de certaines directives et mesures sanitaires aux réalités des populations les plus vulnérables ont également contribué à accroître la détresse émotionnelle des travailleur·euse·s du secteur communautaire. Durant la pandémie, une partie du mouvement communautaire autonome a mis en place des stratégies pour améliorer – ponctuellement ou à plus long terme – les conditions de travail et d’emploi dans le secteur. Ces améliorations semblent toutefois avoir été justifiées non pas par une volonté de mieux reconnaître « en soi » le travail qui s’y accomplit, mais plutôt par des logiques gestionnaires de recrutement et/ou de rétention de personnel en contexte de rareté de main-d’oeuvre. Les enjeux liés à la multiplication des statuts d’emploi et à la précarité exacerbée par des statuts non permanents et/ou à temps partiel n’ont que trop rarement été pris en compte. Certaines des stratégies de gestion mises en place ont eu des répercussions négatives pour les travailleur·euse·s, et ce même si celles-ci ont pu être instaurées dans une logique de solidarité entre organismes (comme le prêt de personnel). La flexibilité d’horaire, notamment au début de la pandémie, bien que souvent justifiée par un souci de bienveillance, a pu avoir des effets indésirables : accroissement du travail gratuit, double journée de travail en raison des exigences familiales et la porosité des « frontières » entre le temps de travail et le temps personnel. En raison des particularités liées au contexte pandémique, mais aussi aux modalités des consignes sanitaires et de certains choix de gestion, un glissement vers des approches individualisées a pu être constaté, contrastant avec les approches et pratiques traditionnellement mises en place dans les organismes communautaires. Cela peut constituer un enjeu pour le recrutement et la rétention du personnel, lequel ne se reconnaît alors plus dans la façon de mener leurs activités de travail.
Les chercheurs et chercheuses Normand Landry et Marie-Josée Dupuis, tou·te·s deux membres du GIREPS, ont publié un article sur la réalité des femmes assistées sociales dans le dernier bulletin de liaison de la Fédération des associations des familles monoparentales et recomposées au Québec (FAFMRQ). Les Québécois·e·s entretiennent des opinions durablement négatives à l’égard des personnes assistées sociales. Peu de gens le savent, mais la condition sociale est, chez nous, un motif de discrimination plus important que l’origine ethnique, l’orientation sexuelle, ou la religion pratiquée1 . Il est bien établi que les personnes en situation de pauvreté font face à un profond stigmate qui se traduit par des discriminations et des exclusions multiples, notamment dans l’accès au logement, à l’emploi, à des soins de santé et à des lieux de loisir. Dans ce cadre, la figure de « l’assisté social » est considérée être une catégorie particulièrement peu méritoire de personnes en situation de pauvreté. Le jugement des Québécois-e-s à leur égard est sans appel; dans le cadre des sondages que nous avons menés, nos répondants ont jugé adéquat que l’État québécois verse aux personnes assistées sociales jugées «aptes à l’emploi» des prestations si faibles que celles-ci ne peuvent imaginer sortir de la pauvreté2 . Au plus fort de la crise pandémique, au cœur du premier confinement généralisé au Québec, alors que la fermeture ou les restrictions à l’accès à des services de base pour les personnes en situation de pauvreté étaient largement restreint, les Québécois-e-s ont considéré les personnes assistées sociales comme étant moins méritoires d’une aide d’urgence de l’État que les grandes entreprises3 . Ce jugement extrêmement très sévère s’inscrit dans un contexte où la couverture médiatique de l’assistance sociale est famélique au Québec, et où les interlocuteurs de choix privilégiés par les journalistes pour traiter d’assistance sociale sont les hommes et les femmes politiques, au détriment des acteurs des milieux communautaires. La table ainsi mise, nous pouvons légitimement nous poser des questions importantes : entend-on les voix, les discours, les points de vue des personnes assistées sociales au Québec ? Qu’ont-elles à nous dire sur leurs vies, leurs trajectoires et leurs vécus ?