Innovations sociales et justice sociale au regard de la Théorie critique de Nancy Fraser

Au-delà des approches usuelles, surspécialisées et cloisonnées, Nancy Fraser offre l’occasion de réfléchir en profondeur sur l’actuelle crise multi­dimensionnelle (sociale, économique, politique, écologique et sanitaire) et sur les éventuelles voies de sortie, tout en inscrivant son œuvre dans la Théorie critique dont la mission consiste à dévoiler les formes de domination et à contribuer à l’émancipation. Renouvelant les apports de Marx et de Polanyi, tout en se démarquant d’Axel Honneth, la philosophe américaine, spécialiste des mouvements féministes, se livre à une analyse éclairante de la société contemporaine, divisée par les luttes identitaires. Membres du Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES), les auteurs convoquent la théorie de la justice sociale de Nancy Fraser pour mieux comprendre les études de cas qu’ils présentent dans cet ouvrage. Celles-ci portent tant sur les conditions de vie des femmes immigrées monoparentales et des personnes marginalisées et itinérantes que sur les conditions de travail des professionnels de recherche dans les universités canadiennes et des travailleurs étrangers temporaires dans la filière avicole québécoise. Elles concernent également des organisations collectives précises, comme l’habitat-santé le Mimosa du Quartier, les Maisons familiales rurales en France ou les coopératives de travail dans le taxi en Europe et dans le ramassage des déchets au Brésil. Ce livre s’adresse aux universitaires, aux étudiants et au public préoccupés par les injustices sociales et les solutions pour y remédier.

Direction de livre

Paul-André Lapointe; Martine D'Amours

Qu’est devenu le modèle québécois de relations professionnelles ?

Le modèle québécois de relations professionnelles mis en place à partir des années 1960 a permis la consolidation du syndicalisme tant dans les milieux de travail que sur le plan politique. Les salariés ont obtenu des gains par la négociation collective et les syndicats ont acquis un statut d’interlocuteur politique privilégié. À compter des années 1980, les transformations du capitalisme ont dégradé les relations d’emploi et contribué à freiner la syndicalisation. Les syndicats ont aussi perdu de leur influence auprès de l’État. Les avancées obtenues par les salariés s’appuient sur la protection de droits individuels ou sur des luttes menées par d’autres mouvements sociaux. Cette situation interroge donc les stratégies politiques du syndicalisme et sa capacité à représenter la diversité du salariat. Mots-clés Droits économiques et sociaux Emplois précaires Liens État-syndicats Québec Relations du travail Syndicalisme

Articles scientifiques

Thomas Collombat; Martine D’Amours

Syndicalisme et droit des peuples à disposer d’eux-mêmes : les appels à la solidarité et les actions du mouvement social ukrainiens

Cet article s’intéresse aux prises de position et aux actions des principaux syndicats et acteurs du mouvement social ukrainiens (groupes socialistes, anarchistes, écologistes, féministes, LGBTQ notamment) depuis le début de l’invasion de l’Ukraine. Il s’agit donc de faire un pas de côté par rapport aux débats les plus en vue aujourd’hui : qui de l’OTAN, des États-Unis, de l’UE, de la Russie voire de l’Ukraine est responsable du déclenchement de la guerre, et qui a intérêt ou non à ce qu’elle se poursuive. À distance de ces questions et dans la continuité d’un travail entamé par d’autres, ce texte voudrait plutôt faire le point sur ce que les premier.e.s concerné.e.s par l’agression Russe attendent du mouvement internationaliste : quelles sont leurs actions et revendications? Quels types de soutien attendent-ils? Quelle définition de la solidarité internationale dessinent-ils ? Mots-clés : Syndicalisme Ukraine Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes Armes Sanctions économiques

Notes sociopolitiques

Martin Gallié

La sous-traitance de la sécurité à l’Université 

Cet article traite de la soustraitance à l’UQAM. Celle-ci est particulièrement bien implantée dans les domaines d’activité où les conditions de travail sont les plus précaires et où les personnes racisées sont surreprésentées. Martin Gallié, professeur au Département des sciences juridiques, s’est intéressé de plus près à la sous-traitance de la prévention et de la sécurité à l’UQAM pour en faire ressortir d’importants enjeux syndicaux. Il analyse les tâches confiées aux agent.e.s de sécurité ainsi que leurs conditions de travail, puis il dresse un portrait de l’entreprise GardaWorld à qui l’UQAM sous-traite sa sécurité. Mots-clés :  Sous-traitance Université Compagnies de sécurité Gardiennage Agents de sécurité

Articles scientifiques

Martin Gallié

Modeling the job quality of ‘work relationships’ in China’s gig economy

Policy interventions geared toward improving the quality of gig economy work depend not only on how this work is classified in legal terms but also on a fine-tuned understanding of the relevant factors that determine the quality of the gig ‘work relationship’. Models that are used to evaluate standard work, however, are poorly adapted to gig work. This article proposes a ‘work relationship’ model adapted to the gig economy. The model is inspired by Dunlop’s systems approach and is constructed from 24 in-depth interviews with gig economy workers. A survey generated from the model was used to verify the relevance of 3 macro-level and 12 micro-level factors. Its main findings are that income, labour protections, voice and client behavior are the most significant factors in determining the quality of work and of work relations as determined by gig workers.    

Articles scientifiques

Wei Wei; Ian Thomas MacDonald

Inégalités et COVID-19 : impacts de la crise sanitaire sur les opinions à l’égard des personnes assistées sociales et leur représentation médiatique au Québec

Cet article présente les résultats d’analyse d’un sondage effectué auprès de 2060 répondants en juin 2020 quant à leurs opinions à l’égard des personnes assistées sociales au Québec. Il fait état des impacts de la crise sanitaire sur ces opinions et il offre une analyse de la couverture médiatique de l’assistance sociale effectuée entre le 23 mars et le 25 juin 2020. Cette période correspond au premier confinement vécu au Québec en raison de la COVID-19. Les conclusions mettent en lumière une congruence entre des opinions durablement négatives à l’égard des personnes assistées sociales, un faible niveau d’acceptabilité sociale des aides particulières qui pourraient leur être versées en période de crise sanitaire, une marginalisation médiatique des thèmes et des enjeux associés à l’assistance sociale en contexte de crise sanitaire, et l’absence de mesures mises en place par le gouvernement du Québec afin d’atténuer ses impacts pour les personnes assistées sociales. Mots-clés : assistance sociale, crise sanitaire, COVID-19, protection sociale, opinion publique, couverture médiatique, cadres médiatiques

Normand Landry; Alexandre Blanchet; Olivier Santerre; Marie-Josée Dupuis; Sylvain Rocheleau

L’incitation au travail dans les politiques d’assistance sociale. Les « sables mouvants »

REVUE DU CREMIS PRINTEMPS, 2022, Vol. 13, no. 1 Les résultats présentés ici sont le fruit d’une recherche partenariale entre des chercheurs-euses du Groupe de recherche interuniversitaire et interdisciplinaire sur la pauvreté, l’emploi et la protection sociale (GIREPS) et le Collectif pour un Québec sans pauvreté. La recherche a permis d’interroger 44 personnes assistées sociales qualifiées « d’aptes au travail » dans 7 régions du Québec, sur leur parcours de vie, leur expérience à l’aide sociale et leur rapport au travail.  

Anthony Desbiens; Marie-Josée Dupuis; Diane Gagné

Reconceptualising Work and Employment in Complex Productive Configurations

Martine D’Amours – Université Laval, Canada Leticia Pogliaghi – Universidad Nacional Autónoma de México, México Guy Bellemare – Université du Québec en Outaouais, Canada Louise Briand – Université du Québec en Outaouais, Canada Frédéric Hanin – Université Laval, Canada   Abstract Increasingly, work and employment take place within network firms, value chains, and other organisational forms extending control beyond the firm’s legal boundaries. This article proposes a model rooted in sociological concepts (work organisation, control, and risk) to analyse how social relations of work and employment are structured, and how inequalities are manufactured, in these organisational forms. First, we change the level of analysis, moving from firm to productive configuration. Second, we propose the notion of social labour relations, to grasp the relationship between workers and any entity likely to control their conditions of work and employment. Social labour relations articulates five dimensions that could be used to compare groups of workers who are participating in the same configuration. Third, we analyse how control is exercised by which entity/entities and over which social labour relation dimension. Such an understanding is essential to provide avenues for institutional renewal: namely to reconnect control and responsibility. Keywords: control, employment relationship, productive configuration, risk, social labour relation

Articles scientifiques

Martine D'Amours; Leticia Pogliaghi; Guy Bellemare: Louise Briand; Frédéric Hanin

Treatment Disparities Viewed through the Lens of the Network Firm

Abstract The decentralization of productive processes through vehicles such as the network firm or global value chain has led to a significant and well-documented growth of inequality in wages and other work conditions. Some attempts have been made at the Québec, ILO and European Union levels to combat the inequality associated with atypical employment, through legislative measures aimed at combating treatment disparities based on employment status. In this paper, the author evaluates the effectiveness of these measures by proposing and testing a new analytical model — one which distinguishes between the location of production (or work activity) and the nature of the employment relationship. Production may be either decentralized or centralized, and within each of those options, the employment relationship may be either externalized or internalized. Thus, the model generates four possible combinations or “quadrants” in which to map an area for comparison of employment conditions. Within each quadrant, the author assesses the legislative tools intended to address treatment disparities based on status, concluding in each case that they fall well short of what is needed. Ultimately, she argues that the definition of treatment disparities must be broadened to take into account the social division of labour within the network firm. Accordingly, disparity of treatment should be found to exist whenever groups of workers doing the same or equivalent work within the same network firm are provided with different employment conditions.

Articles scientifiques

Martine D'Amours