Anthony Desbiens et Martin Gallié

Résumé

Les chroniques des conflits de travail (CCT) consistent à documenter des conflits du travail présents ou passés. Elles compilent des informations sur l’histoire, les revendications, les actions, les enjeux juridiques des luttes susceptibles d’alimenter des recherches sur les résistances et d’actions collectives des travailleurs et des travailleuses contre l’exploitation.

La grève de la Société Québécoise du Cannabis (SQDC) fut l’une des plus longues grèves de ces dernières années, au Québec1. Pendant 17 mois, environ 300 travailleurs et travailleuses affilié·e·s à la FTQ ont multiplié les moyens de pression, piqueté devant les succursales, en hiver comme en été, pour tenter d’obtenir une augmentation de salaire, une amélioration de leurs conditions de travail et pour lutter contre la précarité des surnuméraires. Durant toute la durée du conflit, la SQDC a tenté de diviser les syndiqué·e·s, rejeté leurs revendications, suspendu des dizaines de travailleur·euse·s pour avoir refusé de porter l’uniforme réglementaire, multiplié les procédures judiciaires et recouru à des briseurs de grève. Cette note revient sur cette lutte, en retraçant brièvement l’émergence de la toute jeune société d’État et ses objectifs (1). Elle aborde ensuite la « bataille intersyndicale » que se sont livrées les deux plus grandes centrales syndicales (FTQ et CSN) pour tenter de syndiquer les travailleurs et travailleuses des succursales qui, à partir de 2018, s’ouvrent progressivement un peu partout au Québec (2). La partie suivante retrace de manière chronologique les principaux évènements qui ont marqué la grève (3). En conclusion, nous présenterons quelques pistes de réflexion (4)