Yanick Noiseux, Jean-François Filiatrault, Cheolki Yoon, Christophe Cinq-Mars, Jean François Bissonnette, Laurence Hamel Roy, Martine D’Amours, Marie-Hélène Deshaies, Martin Gallié, Jill Hanley, Mylène Fauvel, Rabih Jamil, Normand Landry

Résumé

Malgré la mise en place de trois plans de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale depuis l’adoption, en 2002, de la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale, force est de constater que l’évolution des politiques publiques et de l’encadrement législatif des activités économiques a trop souvent transformé la lutte contre la pauvreté en lutte contre les pauvres.

Dans ce contexte, pour les chercheurs et chercheuses du GIREPS, un important coup de barre est nécessaire. Pour mener à bien un tel revirement, il nous apparaît absolument essentiel d’élargir la réflexion afin d’adopter une véritable approche multidimensionnelle de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Ainsi, par-delà l’octroi de ressources financières réellement conséquentes afin d’assurer sa mise en œuvre, le quatrième plan de lutte contre la pauvreté doit aussi s’appuyer sur l’élaboration d’un agenda législatif cohérent, lequel ne viendra pas, à rebours, saper les orientations et les mesures qui y sont développées. L’expérience récente nous apprend que cela est trop souvent le cas. La lutte contre la pauvreté passe aussi, et c’est à notre avis un élément clé, par le renforcement des dispositions législatives et les mesures de soutien facilitant l’organisation des luttes menées par les personnes en situation de vulnérabilité et des groupes actifs dans la défense collective des droits.

Les dix-sept constats — certains généraux et d’autres plus particuliers — présentés dans les pages suivantes visent à poser quelques balises en ce qui a trait aux orientations et mesures à inclure dans le cadre du prochain plan de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Ces constats, s’appuyant notamment sur les travaux de recherche menés par ses chercheurs et chercheuses au cours des dernières années, sont centrés sur les champs d’expertise du GIREPS, c’est-à-dire autour de l’emploi, de la protection sociale, les liens entre travail et immigration ainsi que sur le logement, mais il va de soi qu’ils n’épuisent pas la problématique de la pauvreté et de l’exclusion sociale.

Nous nous sommes le plus souvent abstenus de formuler des recommandations précises, préférant laisser le champ libre à celles qui émanent des personnes en situation de pauvreté et des différents groupes sociaux engagés sur le terrain. Nous faisons plutôt nôtre l’un des préalables inscrits dans le mémoire déposé par le Collectif pour un Québec sans pauvreté (CQSP) dans le cadre de ces consultations. En somme, il nous apparaît impératif, par-dessus tout, « [d’] écouter les personnes en situation de pauvreté et les organisations qui les représentent pour mieux comprendre leur réalité, puis tenir compte de leurs propositions et les impliquer autant dans l’élaboration que dans la mise en œuvre des mesures de lutte contre la pauvreté ».

Pour aller au-delà du «partenariat à deux », sans cesse plus étroit au cours des dernières décennies, entre le milieu des affaires et nos gouvernements, nous invitons par ailleurs les responsables de l’élaboration du plan de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale à prendre acte de l’importante contribution des chercheurs et chercheuses en sciences sociales engagé·e·s dans des recherches menées en partenariat avec le milieu ; les membres du GIREPS ne représentant qu’une partie d’entre elles et eux.