Les chercheurs et chercheuses Normand Landry et Marie-Josée Dupuis, tou·te·s deux membres du GIREPS, ont publié un article sur la réalité des femmes assistées sociales dans le dernier bulletin de liaison de la Fédération des associations des familles monoparentales et recomposées au Québec (FAFMRQ).
Les Québécois·e·s entretiennent des opinions durablement négatives à l’égard des personnes assistées sociales. Peu de gens le savent, mais la condition sociale est, chez nous, un motif de discrimination plus important que l’origine ethnique, l’orientation sexuelle, ou la religion pratiquée1 . Il est bien établi que les personnes en situation de pauvreté font face à un profond stigmate qui se traduit par des discriminations et des exclusions multiples, notamment dans l’accès au logement, à l’emploi, à des soins de santé et à des lieux de loisir. Dans ce cadre, la figure de « l’assisté social » est considérée être une catégorie particulièrement peu méritoire de personnes en situation de pauvreté.
Le jugement des Québécois-e-s à leur égard est sans appel; dans le cadre des sondages que nous avons menés, nos répondants ont jugé adéquat que l’État québécois verse aux personnes assistées sociales jugées «aptes à l’emploi» des prestations si faibles que celles-ci ne peuvent imaginer sortir de la pauvreté2 . Au plus fort de la crise pandémique, au cœur du premier confinement généralisé au Québec, alors que la fermeture ou les restrictions à l’accès à des services de base pour les personnes en situation de pauvreté étaient largement restreint, les Québécois-e-s ont considéré les personnes assistées sociales comme étant moins méritoires d’une aide d’urgence de l’État que les grandes entreprises3 . Ce jugement extrêmement très sévère s’inscrit dans un contexte où la couverture médiatique de l’assistance sociale est famélique au Québec, et où les interlocuteurs de choix privilégiés par les journalistes pour traiter d’assistance sociale sont les hommes et les femmes politiques, au détriment des acteurs des milieux communautaires.
La table ainsi mise, nous pouvons légitimement nous poser des questions importantes : entend-on les voix, les discours, les points de vue des personnes assistées sociales au Québec ? Qu’ont-elles à nous dire sur leurs vies, leurs trajectoires et leurs vécus ?
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