Présentation de Carole Yerochewski dans le cadre du congrès de l’Association internationale des sociologues de langue française (AISLF)

En procédant à une approche comparée des mouvements d’économie solidaire au Brésil et au Québec, cette communication vise à nourrir la réflexion sur le potentiel subversif des luttes dites périphériques. Elle s’intéressera plus particulièrement à la façon, contradictoire, dont les syndicats ont traduit les aspirations, pourtant proches, des travailleuses et travailleurs « marginalisés » dans les mouvements d’économie solidaire au Québec et au Brésil. S’appuyant sur l’étude de cas menée au Brésil, on mettra en évidence à quelles conditions ces luttes périphériques sont reconnues pour leur potentiel transformateur. On soulignera en contrepoint comment les cadres théoriques traditionnels en relations professionnelles conduisent à examiner ces luttes au prisme de critères qui les renvoient à l’utopie, par ce qu’ils masquent et en quoi ces revendications et solidarités sont transposables aux différents milieux de travail ? Le voir suppose de se projeter dans un nouveau paradigme sociétal qui repose sur des prémisses opposés à ceux ayant fondé les relations de travail de la société salariale. Ce paradigme s’appuie sur la transformation du rapport au travail dans un sens si ce n’est émancipateur, en tout cas subversif, des rapports sociaux et des schémas favorisant la marchandisation et la reproduction du capital ; la démarche s’écarte ainsi des stratégies syndicales adaptatives aux mutations du capitalisme car restant prisonnières des prémisses de la société salariale.