Montréal, 10 mars 2024. – Alors que le gouvernement du Québec s’apprête à déposer son budget annuel et que le mouvement de l’action communautaire autonome revendique un rehaussement substantiel de son financement, le Groupe interdisciplinaire et interuniversitaire de recherche sur l’emploi, la pauvreté et la protection sociale (GIREPS) publie un rapport de recherche qui démontre que la gestion étatique de la crise de COVID-19 a fragilisé le mouvement communautaire et que cette situation tend à perdurer. 

“Depuis la pandémie, les travailleurs et travailleuses dans le milieu communautaire sont encore plus épuisées et débordées. Les organismes font face à un taux de roulement intenable. Il est urgent de trouver des solutions” (Céline Métivier, agente de recherche au RQ-ACA). 

Élaboré en partenariat avec le Réseau québécois de l’action communautaire autonome (RQ-ACA), la Table nationale des Corporations de développement communautaire (TNCDC), l’Observatoire de l’action communautaire autonome (OACA) et le Comité sectoriel de main-d’œuvre Économie sociale et Action communautaire (CSMO-ÉSAC), le rapport de recherche illustre le fait que les interventions gouvernementales, mises en place notamment dans le contexte pandémique, ont contribué à la dévalorisation et à la précarisation des conditions de travail et d’emploi au sein des organismes communautaires. Ces dynamiques se traduisent par l’accroissement de la surcharge de travail et l’épuisement des travailleuses et travailleurs du communautaire. 

Alors que dès le début de la pandémie, les gouvernements se sont rapidement tournés vers les organismes communautaires pour répondre aux besoins sociaux de la population dans un contexte où les services publics étaient fortement ébranlés, l’étude met en évidence le fait que le contexte pandémique n’a pas conduit à la mise en place d’actions structurantes permettant de reconnaître l’importance des organismes communautaires et de ses travailleuses et travailleurs. Mylène Fauvel, chercheuse au GIREPS, constate que: 

“Dans le communautaire, l’État a misé quasi-exclusivement sur l’implication des bénévoles pour répondre aux besoins en main-d’œuvre contrairement à ce qui a été fait dans d’autres secteurs. Cela a contribué à la dévalorisation de l’expertise des travailleuses et travailleurs du communautaire, et cela a aussi ajouté du travail pour les équipes en place. Cela n’a pas permis de recruter et former des travailleuses et travailleurs qui vont s’investir à long terme dans les organismes ». (Mylène Fauvel, chercheuse au GIREPS). 

Le rapport conclut que l’État a instauré durant la pandémie une « culture de l’urgence » qui privilégie des réponses « au cas par cas ». Ce type de gouvernance peut sans doute se comprendre en situation de crise, mais il tend à perdurer et a des effets délétères sur les organismes communautaires 

« Les récentes décisions gouvernementales en itinérance ou même autour du logement laissent croire que la dynamique observée dans le rapport se perpétue et que le gouvernement ne prend toujours pas en considération les besoins et demandes du secteur communautaire pour penser l’offre de services et la réponse aux besoins de la population » (Ophélie Couspeyre, chercheuse à la TNCDC)

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À propos du GIREPS :

Le GIREPS (www.gireps.org) est un groupe de recherche interuniversitaire et interdisciplinaire de recherche sur l’emploi, la pauvreté et la protection sociale. Il croise les réflexions de ses chercheur·euse·s universitaires et des milieux de pratique pour générer de nouvelles connaissances sur la précarisation contemporaine du travail, dans une perspective de transformation sociale.    

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Pour informations complémentaires et demandes d’entrevues:

Mylène Fauvel, mylene.fauvel@gmail.com

Ophélie Couspeyre, recherche@tncdc.qc.ca