Cette recherche se réalise en partenariat avec le Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTI) au Québec. Ce partenariat implique également un autre groupe en Corée du Sud avec lequel nous collaborons depuis quelques années l’Institute for Political & Economic Alternatives (IPEA). Ce projet associe, au Québec, des membres de trois équipes de recherche, soit l’axe travail et emploi du CRISES (Université du Québec à Montréal), la Chaire UNESCO en communication et technologies pour le développement (UQAM) et le Groupe de recherche interuniversitaire et interdisciplinaire sur l’emploi, la pauvreté et la protection sociale (GIREPS-Université de Montréal). En Corée du Sud, il associe des chercheurs du département de sociologie de l’Université Chung-Ang et de l’IPEA à Séoul. La partie coréenne a son propre financement et comprend des chercheur·e·s et un groupe d’action communautaire comme partenaire. Ce double partenariat répond à la volonté de ces chercheur.e.s et acteurs de coproduire les connaissances nécessaires à la compréhension des conséquences du développement de l’économie de plateforme en matière de stabilité d’emploi et du revenu.
Le développement technologique est une variable centrale dans les études sur le travail et l’emploi. L’influence des technologies numériques attire l’attention dans le contexte de la 4e révolution industrielle et des mutations de l’emploi via les nouvelles activités professionnelles qu’elle génère. Combinée à la précarisation du travail qui s’est répandue ces toutes dernières décennies, la stabilité d’emploi et du revenu constitue un double enjeu clé. Cela autant sur les plans sociologiques et économiques qu’en termes de politiques publiques tant les États hésitent actuellement sur l’action publique à déployer. Ce projet veut réaliser un état des lieux via une analyse comparative Québec/Corée du Sud et entreprendre une réflexion commune autour des retombées des technologies numériques sur la stabilité d’emploi et du revenu, en collaboration avec des chercheur·e·s et des acteur·trice·s de terrain dans les deux pays. Il a trois objectifs:
Documenter les retombées qualitatives de l’expansion des technologies numériques sur les conditions de travail et sur la stabilité d’emploi et du revenu, dans un secteur emblématique des activités économiques les plus affectées, soit l’industrie du transport individuel et de livraison par gestion algorithmique opérés via une plateforme numérique, incluant deux types d’entreprises (Uber et Uber Eats);
Analyser les dispositifs mis en place (ou non) en matière de politiques publiques par les institutions gouvernementales pour assurer – et dans quelle mesure – la stabilité d’emploi et du revenu dans ce contexte;
Étudier les modalités d’action collective émergentes sous des formes nouvelles, souvent inédites, en repérant les contraintes rencontrées et les stratégies adoptées par des travailleur·euse·s et leurs organisations, syndicales et non syndicales.
Après une revue documentaire empirique et théorique et une analyse comparative des données statistiques pertinentes, ainsi que des politiques publiques en la matière suivront un sondage mené auprès de travailleur·euse·s et une enquête qualitative mobilisant des groupes de discussion -à Montréal et à Séoul- faisant suite à des entretiens semi-directifs auditionnant: des intervenant·e·s (acteur·trice·s et travailleur·euse·s du secteur visé) et des représentant·e·s d’organisations syndicales et non syndicales des deux pays.