Conditions de travail dans le mouvement communautaire (Yanick Noiseux et Mylene Fauvel)

« Rehausser les conditions de travail dans le mouvement communautaire : le coup de barre nécessaire
Au cours de la semaine dernière, 1500 organismes communautaires ont organisé des grèves tournantes pour revendiquer un rehaussement du financement de 460 millions $ annuellement comme il le fait depuis 2016 sans se faire entendre par nos gouvernements. Cette année, non seulement le milieu communautaire revendique un meilleur financement pour répondre aux besoins de la population et continuer d’offrir des services et activités de qualité, mais les travailleurs – et surtout travailleuses qui y sont majoritaires – du secteur sonnent également l’alarme : il est impératif d’améliorer les conditions de travail sans quoi plusieurs ne seront plus en mesure de tenir le fort.

La difficulté à pourvoir les postes vacants dans de larges pans du secteur de l’action communautaire autonome – comme l’actualité l’a récemment mis en lumière notamment…. »

Articles de vulgarisation

Yanick Noiseux, Mylene Fauvel

Loi 8 et syndicalisation des travailleurs agricoles saisonniers: Une histoire à revisiter pour lutter contre le racisme systémique

Texte de vulgarisation publié dans la revue Le Point du Comité de solidarité de Trois-Rivières. Novembre 2020. (Texte en ligne: http://www.cs3r.org/6707-loi_8_et_syndicalisation_des_travailleurs_agricoles_saisonniers) « Les temps de pandémie qui nous vivons maintenant, nous montrent plus que jamais, la relation étroite entre la précarité d’emploi et le statut d’immigration. Cependant, cette relation n’est pas neuve. Elle a été produite historiquement. Dans le cas des travailleurs agricoles saisonniers du Québec, cette production est bien observable avec le projet de loi 8 de 2014 qui a presque éradiqué les possibilités de syndicalisation des travailleuses et travailleurs migrants dans le secteur agricole. Si déjà leur condition de déportabilité définie par le gouvernement fédéral était un facteur qui a limité leur capacité à s’organiser et à se syndiquer, le projet de loi 8 provincial, maintenant les empêche totalement de s’organiser pour améliorer leurs conditions de travail. »

Articles de vulgarisation

Manuel Salamanca Cardona

Et si le gouvernement cessait de condamner le communautaire à la précarité?

Un texte de Mylène Fauvel et Yanick Noiseux publié dans La Voix de l’Est (Texte disponible en ligne ) le 22 Octobre 2020. Le rapport complet sur les conditions de travail de travail dans le communautaire est disponible sur le site web du GIREPS. « Et si le gouvernement cessait de condamner le communautaire à la précarité? Ces personnes ont été aux avant-postes afin de répondre dans l’urgence aux effets délétères de la pandémie et du confinement. Les services publics, ravagés par de longues années de politiques d’austérité ayant rapidement montré leurs limites, ce sont vers eux que nous nous sommes largement tournés lorsque nous nous sommes préoccupés du sort des personnes en situation d’itinérance, de la sécurité alimentaire des ménages ayant perdu leur emploi, ou encore lorsque nous avons constaté que le confinement se traduisait par l’augmentation de la violence conjugale et des problèmes de santé mentale. Ce qui est toutefois moins connu, c’est que bon nombre de ces travailleurs et travailleuses doivent endosser la précarité pour la combattre. Le récent projet de recherche que nous avons mené sur les conditions de travail dans le secteur montre d’ailleurs qu’ils vivent une grande précarité économique faisant en sorte que le moindre imprévu vient rapidement bousiller leur budget. Parce que les financements ponctuels et à la pièce prennent trop souvent le pas sur le financement dit « à la mission », plusieurs ne savent même pas jusqu’à quand ils auront un emploi, craignent de voir leur poste aboli, leurs heures de travail drastiquement coupées ou encore doivent régulièrement faire des allers-retours à l’assurance-emploi. Pour la quasi-totalité des travailleurs et travailleuses du secteur, ce n’est par ailleurs que parce qu’ils peuvent compter sur des « arrangements hors travail » – comme le revenu d’un conjoint, l’accès à un logement à faible coût ou à un revenu d’appoint, etc. – qu’ils arrivent à boucler leurs fins de mois. Profondément attachés aux valeurs et aux pratiques du mouvement communautaire, les travailleurs et travailleuses chérissent l’importance de leur travail, mais force est de constater que la précarité à ses limites. Plusieurs s’y résignent pour quelques années puis, souvent à contrecœur, doivent partir. D’ailleurs, le taux de roulement dans ce secteur est très élevé, se situant autour de 30 % annuellement. Et ceci n’est pas étranger au fait que la surcharge de travail y est considérable puisqu’un travailleur communautaire sur cinq a vécu de l’épuisement professionnel. Bon nombre de décisions gouvernementales prises durant la pandémie ont eu comme effet d’augmenter de façon draconienne cette charge de travail. Alors que le mouvement communautaire avait besoin de personnel formé et prêt à venir prêter main-forte sur une longue période, le gouvernement a plutôt choisi de s’appuyer sur la plateforme « je bénévole ». Non seulement cette façon de faire suppose que n’importe quelle « paire de bras » puisse « faire la job » et contribue à dévaloriser le travail qui se fait dans le mouvement communautaire, mais cela a aussi considérablement accru la charge de travail. En effet, il fallait bien coordonner, accueillir et supporter les nombreux bénévoles ayant répondu à l’appel, et ce, sans pouvoir compter sur des ressources supplémentaires. Pour le dire autrement, contrairement à la stratégie adoptée dans les CHSLD, ou encore plus récemment dans le secteur scolaire avec l’initiative « Répondez présent », le gouvernement Legault a choisi de s’appuyer sur le travail gratuit — bien souvent de femmes, rappelons-le — en se disant qu’encore une fois, le mouvement communautaire « s’arrangera ». Certes, les subventions d’urgence, annoncées tardivement, sont venues offrir une certaine lueur d’espoir. Toutefois, comme l’a souligné Caroline Toupin, coordonnatrice du Réseau québécois de l’action communautaire autonome, les organismes ont dû remplir, pour recevoir des sommes marginales, des demandes fastidieuses venant s’ajouter aux tâches d’équipes de travail déjà au bord de l’épuisement. Les sommes allouées, non récurrentes et versées parfois plusieurs mois après le début de la pandémie, ont été orientées vers les services définis comme prioritaires par le gouvernement. Elles n’ont donc pas permis l’embauche de personnel permanent et décemment rémunéré, tout en ayant pour effet de limiter l’autonomie des organismes qui sont les plus à même d’identifier les besoins réels sur le terrain. La pandémie nous laisse donc face à deux constats. D’une part, elle a bien montré que le mouvement communautaire joue un rôle social crucial et constitue un élément vital de notre filet social. Et d’autre part, encore une fois, les décisions gouvernementales en contexte de crise ont contribué à dévaloriser le travail qui s’y fait et à accroître la charge de travailleurs et travailleuses sous-payés et faisant chaque jour des petits miracles. Ne serait-il pas temps que le gouvernement aille par-delà les remerciements symboliques et cherche enfin à offrir un financement de base adéquat permettant l’amélioration concrète des conditions de travail de ce secteur? Après tout, la relance de l’économie post-pandémie ne pourra que s’appuyer sur la brique et le béton, mais devra aussi pouvoir compter sur l’action communautaire pour colmater les dommages, fort sérieux et de plus en plus visibles, de la pandémie sur le tissu social. »      

Articles de vulgarisation

Mylène Fauvel et Yanick Noiseux

Ces travailleurs jetables qui deviennent « essentiels » en temps de crise

Un texte de Yanick Noiseux et Laurence Hamel-Roy publié dans The Conversation le 13 Mai de 2020. (Le texte est disponible en ligne.) « Ces travailleurs jetables qui deviennent « essentiels » en temps de crise La pandémie actuelle est un puissant révélateur de la précarisation de l’emploi et de l’exploitation des travailleurs à bas salaires, qui sont « devenus » essentiels en temps de crise. Pour comprendre comment nous en sommes venus à devoir inventer à la va-vite des programmes de soutien, on ne peut faire abstraction des ravages d’une politique d’emploi centrée sur la mise en concurrence des uns contre les autres, qui repose sur le transfert des risques vers les individus. Quarante ans après le virage néolibéral, plus du tiers des travailleurs canadiens ont des statuts d’emploi atypiques et précaires (à temps partiel, à contrat, sur appel, via des agences de placement). Ces derniers sont facilement éjectables, comme l’a montré la rapidité des mises à pied dès la mi-mars. Les prestations de chômage auraient pu les protéger, mais rappelons que seulement quatre travailleurs sur dix y ont accès en temps normal, une proportion encore plus faible dans le cas des femmes. Il est aussi ironique de constater la situation des bénéficiaires d’aide sociale vivant avec 690 dollars par mois, quand on avance que 2 000 dollars par mois – le montant de la Prestation canadienne d’urgence (PCU) – est un « strict minimum ». Avec un filet social conséquent et une sécurité d’emploi digne de ce nom, nous n’aurions pas à créer autant de nouveaux programmes d’aide en catastrophe comme Jean Yves Duclos, le président du Conseil du trésor au fédéral, l’a reconnu. En tant que professeur au département de sociologie de l’Université de Montréal, mes travaux portent sur le renouvellement du syndicalisme, les transformations du travail et les politiques sociales dans le contexte de la mondialisation. Laurence Hamel-Roy poursuit pour sa part présentement un doctorat en humanités à l’Université Concordia. Ses recherches portent notamment sur les transformations du secteur des services de soutien à domicile québécois et leurs impacts sur les conditions d’emploi. Nous sommes tous deux chercheurs au Groupe interuniversitaire et interdisciplinaire de recherche sur l’emploi, la pauvreté et la protection sociale (GIREPS). Une prestation d’urgence injuste La PCU, annoncée dans la confusion et amendée à de multiples reprises depuis, témoigne bien du bourbier dans lequel on se retrouve. Elle est, comme plusieurs l’ont déjà dénoncé, inéquitable et discriminatoire. Même amendée, la mesure est notamment injuste pour les travailleurs à petits salaires qui en sont exclus (s’ils gagnent plus de 1 000 dollars par mois) et discriminatoire envers ceux et celles qui ont perdu leur emploi avant et après le 15 mars. La PCU-Étudiant (1 250 dollars par mois) annoncée plus récemment réifie quant à elle une distinction envers les jeunes dont on estime que les besoins seraient moins élevés parce qu’ils poursuivent leurs études. Il aurait été plus juste de rendre cette prestation universelle en proposant un revenu minimum garanti temporaire et en s’appuyant sur une structure d’imposition très progressive allant jusqu’à imposer à 100 % la prestation d’urgence des plus riches. L’impossibilité de cumuler un revenu au-delà de 1 000 dollars et l’absence d’articulation de la PCU avec les mesures provinciales a d’importants effets déstructurant, notamment dans le secteur agricole et le système de soins. Des mesures provinciales insuffisantes Au Québec, les décisions du premier ministre Legault s’appuient sur des solutions bricolées « à la pièce », avec leurs effets collatéraux. Le rehaussement à la fin mars du salaire des préposées aux bénéficiaires dans les résidences privées pour personnes âgées en constitue un exemple. Elle ne portait le salaire horaire qu’autour de 17 dollars, ne comblait pas complètement l’écart avec le salaire versé au secteur public et, surtout, laissait en plan les travailleuses des entreprises d’économie sociale et solidaire (ESSAD), du Chèque emploi-service et des agences privées offrant des services à domicile. Ces travailleuses revendiquent encore aujourd’hui la mise en place d’un décret de convention collective. Près de deux mois après la déclaration de l’état d’urgence sanitaire, l’absence d’une réponse globale dans le secteur des soins occasionne des mouvements de personnel d’un établissement à l’autre et d’un secteur à l’autre avec les risques de rupture des soins et de propagation du virus que cela représente. Elle ouvre aussi la porte aux pratiques prédatrices d’agences de placement privées venant colmater les brèches à gros prix. Devant la sérieuse crise qui sévit dans le système de santé, le gouvernement Legault s’est appuyé sur une série de plus de trente arrêtés ministériels témoignant de son peu de considération pour les soignantes et lui permettant, en suspendant l’application des conventions collectives, de disposer du personnel à sa guise. Pour faire face aux manques croissants de personnel, le MSSS s’est ainsi notamment chargé de modifier unilatéralement les disponibilités des travailleuses et de les délester d’un milieu de travail à l’autre. L’annonce tardive, le 7 mai, de primes substantielles pour le personnel à temps plein dans les zones à risque est certainement bienvenue. Il n’en demeure pas moins qu’il aura fallu une hécatombe dans les CHSLD pour que le gouvernement non seulement rémunère conséquemment une partie des travailleuses dont l’apport a été trop longtemps mal reconnu et qu’il reconnaisse – temporairement rappelons-le – la nécessité de fournir des horaires stables et à temps plein. Reste aussi à savoir si nous ne sommes pas en train de déshabiller Paul pour habiller Jacques. Pour une solution durable par-delà la crise Jusqu’à maintenant, les travailleurs des services sociaux et de santé ont reçu à juste titre une large part de l’attention médiatique. Mais les travailleurs à bas salaires – principalement des femmes, et souvent des personnes racisées ou issues de l’immigration – qui travaillent dans les épiceries, les restaurants, les pharmacies, ou, encore plus invisibles, dans les entrepôts, font des livraisons ou de l’entretien, doivent également avoir un accès égal à de meilleures conditions de travail. C’est le cas aussi des travailleuses qui portent sur leurs épaules le secteur communautaire sous-financé. Nous estimons que le salaire doit être de vingt dollars l’heure, minimalement, et pas de manière temporaire. Et à ceux qui avancent que cette augmentation du salaire minimum donnera le coup de grâce aux PME, les sommes colossales – plus de 146 milliards du fédéral

Articles de vulgarisation

Yanick Noiseux et Laurence Hamel-Roy

Pourquoi les personnes assistées sociales considérées « sans contraintes à l’emploi » ne travaillent-elles pas ?

Ce rapport de recherche présente les résultats d’une enquête de terrain menée entre février et juillet 2018 par cinq membres du GIREPS en partenariat avec le Collectif pour un Québec sans pauvreté (CQSP) dans le but de répondre à la question suivante :  Pourquoi les personnes assistées sociales considérées « sans contraintes à l’emploi » ne travaillent-elles pas ?     Après avoir discuté du rapport au travail des personnes assistées sociales, le rapport expose ensuite, en dix chapitres, dix raisons pour lesquelles les personnes assistées sociales interrogées ne travaillent pas. Ces explications sont accompagnées de nombreux extraits des entretiens, mettant ainsi en valeur la parole des personnes assistées sociales interrogées et présentant, dans leurs propres mots, leur situation. Par ailleurs, un document synthèse regroupe en quelques paragraphes, les points saillant du rapport de cherche.

Articles de vulgarisation, Rapport de recherche

Marie-Pierre Boucher, Anthony Desbiens, Marie-Josée Dupuis, Diane Gagné et Yanick Noiseux

Pour une protection des travailleurs et des travailleuses qui survivent à la crise

Lettre d’opinion de Yanick Noiseux et Laurence Hamel-Roy du GIREPS parue dans Le Devoir de 4 de Avril de 2020. (Le texte est disponible en ligne). « Pour une protection des travailleurs et des travailleuses qui survivent à la crise La pandémie actuelle est un puissant révélateur de la précarisation des marchés du travail et de l’exploitation outrancière des travailleurs et des travailleuses pauvres « devenus » essentiels en temps de crise. Pour comprendre comment nous en sommes venus à devoir inventer à la va-vite des programmes de soutien, on ne peut faire abstraction des ravages d’une politique d’emploi centrée sur la mise en compétition de tous contre tous et le transfert des risques économiques vers les individus. Quarante ans après le virage néolibéral, c’est plus de 40 % des personnes qui en sont réduites à des statuts d’emploi atypiques et précaires (à temps partiel, à contrat, sur appel, placés par des agences de placement, etc.), les rendant facilement éjectables, comme le montre la rapidité fulgurante des mises à pied récentes. Quant aux prestations de chômage qui pourraient tout de même les protéger, ce n’est désormais que quatre travailleurs sur dix qui y ont accès « en temps normal » ; encore moins dans le cas des femmes. Triste, enfin, est de constater l’ironie de la situation des personnes seules prestataires de l’aide sociale devant survivre avec 655 $ par mois, alors qu’on avance désormais que 2000 $ par mois — le montant de la prestation d’urgence annoncée — est un « strict minimum ». Avec un filet social conséquent et une sécurité d’emploi digne de ce nom, nous n’aurions pas à créer autant de nouveaux programmes d’aide en catastrophe. La PCU annoncée dans la confusion témoigne bien du bourbier dans lequel on se retrouve. Même imposable, cette prestation sera, c’est écrit dans le ciel, inéquitable et discriminatoire, comme plusieurs l’ont déjà dénoncé. Avec un site web à mettre sur pied en sept jours et des millions de dossiers à traiter, la PCU est aussi un fiasco bureaucratique annoncé. Certainement plus juste aurait été de rendre cette prestation universelle en proposant un revenu minimum garanti temporaire et en s’appuyant sur une structure d’imposition très progressive allant jusqu’à imposer à 100 % la prestation d’urgence des très riches. Pour régler ces iniquités, Legault nous demande « de lui faire confiance ». Les propositions invoquées timidement depuis laissent néanmoins deviner un scénario de solutions bricolées « à la pièce », avec ses effets collatéraux. Annoncé in extremis après une levée de boucliers, le rehaussement du salaire des préposées aux bénéficiaires dans les résidences privées pour personnes âgées est non seulement insuffisant, mais il est aussi potentiellement dangereux. Il ne porte le salaire horaire qu’aux environs de 17$, ne comblera pas complètement la différence par rapport aux salaires dans le public et, surtout, laisse en plan, les travailleuses offrant des services à domicile. À court terme, ces écarts laissent craindre des mouvements de personnel d’un secteur à l’autre avec ses effets délétères en matière de continuité de soins. Il y a urgence d’agir, mais aussi de le faire de façon systémique et cohérente. Majoritairement des femmes, les personnes qui travaillent à bas salaires, notamment dans les épiceries, la restauration, les pharmacies, mais aussi ceux et celles qui portent le secteur communautaire sous-financé à bout de bras doivent tout autant pouvoir accéder à de meilleures conditions de travail. Visons donc 20 $ — minimalement — pour tous et toutes, et pas de manière temporaire. Et à ceux et celles qui avancent que cette augmentation du salaire minimum donnera le coup de grâce aux PME, les sommes colossales expédiées à tous vents par le gouvernement fédéral selon le principe très critiquable du helicopter money montrent bien qu’il est à la fois possible de hausser le salaire minimum et de soutenir, en même temps, les entreprises. Alors que ce dernier profite de l’éclipse médiatique pour avancer 15 milliards de dollars à l’industrie pétrolière, il y aurait lieu de profiter de l’occasion pour cibler d’abord les secteurs qui produisent et distribuent des biens et des services essentiels (que la crise permet assez bien d’identifier par ailleurs). Quant au premier ministre Legault, il refuse de hausser rapidement et durablement le salaire minimum et se limite à proposer une prime temporaire de 400 $ pour les travailleurs et travailleuses au bas de l’échelle. Pour se justifier, il s’empresse de revenir à la sempiternelle logique comptable — le salaire minimum devant, selon lui, se situer à 50 % du salaire médian — que la classe dirigeante semble pourtant avoir abandonné en un tour de main depuis le début de la crise. Ce manque d’ouverture montre que nous sommes loin de la coupe aux lèvres. Pour ceux et celles qui en ont le luxe, cette crise est déjà l’occasion de repenser à nos habitudes de vie. En matière de rapport à la consommation, certes, mais plus fondamentalement à la place qu’occupe le travail dans notre existence. À prendre la mesure de son utilité — ou non — et à comprendre comment il en vient à prendre le pas sur des aspirations à une vie moins folle, plus sereine, plus conviviale. Cette crise doit enfin nous inviter, comme le souhaite la philosophe Dominique Méda, « à revoir l’échelle de la reconnaissance sociale et de la rémunération des métiers ». Ce moment de réflexion collective pourrait laisser poindre un vent d’optimisme pour la suite des choses. Mais l’obstination de nos gouvernements à ne pas prendre au sérieux la situation désastreuse dans laquelle se trouvent les travailleurs et les travailleuses pauvres — et plus largement l’ensemble des personnes auxquelles s’attaque le virus du capitalisme — montre bien qu’il faut d’ores et déjà rester vigilant. Et s’organiser dès maintenant. »

Articles de vulgarisation

Yanick Noiseux et Laurence Hamel-Roy

Document synthèse: Pourquoi les personnes assistées sociales dites «sans contraintes à l’emploi» ne travaillent-elles pas?

C’est le document synthèse qui présente les résultats d’une enquête de terrain menée entre février et juillet 2018 par cinq membres du GIREPS en partenariat avec le Collectif pour un Québec sans pauvreté (CQSP) dans le but de répondre à la question suivante :  Pourquoi les personnes assistées sociales considérées « sans contraintes à l’emploi » ne travaillent-elles pas ?  Le document regroupe en quelques paragraphes, les points saillant du rapport de recherche.

Articles de vulgarisation, Rapport de recherche

Marie-Pierre Boucher, Anthony Desbiens, Marie-Josée Dupuis, Diane Gagné et Yanick Noiseux

Que pensent les travailleurs et travailleuses communautaires de leurs conditions de travail

À l’automne 2017 a débuté une recherche partenariale sur les conditions de travail au sein du mouvement communautaire afin d’en faire le portrait qualitatif et d’identifier leurs répercussions sur la vie des travailleurs et travailleuses communautaires. Près de 20 personnes ayant été rencontrées jusqu’à présent, ce texte vise donc à vous présenter notre démarche ainsi que les résultats préliminaires de la recherche. Fauvel, Mylène, « Que pensent les travailleurs et travailleuses communautaires de leurs conditions de travail », Bulletin de liaison, Fédération des associations de familles monoparentales et recomposées du Québec (FAFMRQ), vol. 43, no. 2, novembre 2018, p. 3-4.

Articles de vulgarisation

Mylène Fauvel

Les travailleurs migrants temporaires et l’accès aux droits sociaux du travail et à la citoyenneté | Le coût d’une absence politique

Au Québec, la question des « travailleurs étrangers temporaires » demeure peu connue du grand public. Les médias s’y penchent parfois, mais sans permettre de réellement comprendre les causes profondes du recours à ce type de salariat par le patronat local. Au-delà des explications avancées sur les conditions difficiles de séjour et de travail de cette main-d’œuvre, un acteur majeur manque à l’appel dans la couverture journalistique : l’action publique. car C’est la logique conjuguant le recours systématisé aux travailleurs migrants temporaires (TMT) par les entreprises avec le soutien actif de l’État qui pose problème. Soussi, Sid Ahmed, « Les travailleurs migrants temporaires et l’accès aux droits sociaux du travail et à la citoyenneté | Le coût d’une absence politique », Le Webzine, Vivre ensemble (Centre Justice et foi), 2018.

Articles de vulgarisation

Sid Ahmed Soussi

Textes d’analyse de l’Observatoire de la pauvreté et des inégalités au Québec

Le Collectif pour un Québec sans pauvreté, partenaire du GIREPS, publie annuellement plusieurs articles scientifiques ou de vulgarisation. Vous trouverez ici une sélection des textes d’analyse les plus récents de l’Observatoire de la pauvreté et des inégalités au Québec, l’organe de recherche du Collectif. Troisième plan d’action gouvernemental de lutte à la pauvreté: un objectif cousu de fil blanc En décembre 2017, le gouvernement du Québec a déposé son troisième plan d’action en matière de lutte à la pauvreté. Il y affirme, dans l’introduction, qu’il « se donne une cible ambitieuse : sortir plus de 100 000 personnes de la pauvreté d’ici 2023 » (p.15). Ce simple énoncé soulève toutefois plusieurs questions. Cet objectif est-il réellement ambitieux ? Comment cette cible a-t-elle été fixée? Que veut dire le gouvernement lorsqu’il parle de « sortie de pauvreté »? Ce court texte vise à y répondre. Revenu de base québécois : vers un revenu minimum garanti ou une extension du programme de Solidarité sociale? Avec le dépôt du Plan d’action gouvernemental pour l’inclusion économique et la participation sociale en décembre 2017 et du projet de loi 173 (Loi visant principalement à instaurer un revenu de base pour des personnes qui présentent des contraintes sévères à l’emploi) au printemps 2018, le gouvernement prévoit la mise sur pied d’un revenu de base. Les attentes sont élevées envers ce type de programme, revendiqué depuis des décennies par un grand nombre d’acteurEs des mouvements sociaux. Mais qu’en est-il vraiment? En quoi consiste ce revenu de base proposé par le gouvernement? Comment se distingue-t-il de l’actuel programme de Solidarité sociale? En quoi est-il similaire ou est-il différent des principales formes de revenu minimal garanti? Ce texte d’analyse de l’Observatoire de la pauvreté et des inégalités au Québec répond à ces questions et s’interroge également sur la valeur de ce nouveau programme comme mesure de lutte contre la pauvreté. D’Objectif emploi au revenu de base : Héritage du mandat de François Blais En peu de temps, on a assisté à la création du programme Objectif emploi (projet de loi 70), au dépôt du rapport sur le revenu minimum garanti, à la publication du troisième plan d’action de lutte contre la pauvreté et finalement à la mise en branle d’un revenu de base (projet de loi 173). À peine deux ans après son entrée en fonction comme ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, François Blais a réussi à mener à terme quelques projets importants et en amorcer d’autres. L’addition de deux nouveaux programmes à la Loi sur l’aide aux personnes et aux familles, qui viennent s’ajouter aux programmes d’aide de dernier recours (Aide sociale et Solidarité sociale), change considérablement l’image de l’assistance sociale. D’un côté, le gouvernement raffermit son autorité en obligeant, par le programme Objectif emploi, tous les nouveaux demandeurs d’aide sociale à entreprendre des démarches d’emploi, de l’autre, il accorde, pour la première fois, un revenu de base à toutes personnes ayant des contraintes sévères à l’emploi et étant prestataires du programme de solidarité sociale depuis 5 ans et demi. On a souvent attiré l’attention sur le passé universitaire de l’actuel ministre, lui qui comme professeur de sciences politiques à l’université Laval avait publié un livre où il se prononçait en faveur d’une allocation universelle. Il croyait « fermement que l’allocation universelle se retrouve[rait] au cœur des propositions de réforme de la politique sociale du XXIe siècle ». Associé de près aux principaux partisans de cette nouvelle politique sociale (Philippe Van Parjis, Anthony Atkinson, Yannick Vanderbought), il prédisait ainsi que cette mesure allait être la prochaine grande avancée en matière de justice sociale. En plus d’ébaucher une allocation universelle dont profiteraient touTes les citoyennes et citoyens, Blais critiquait sévèrement, dans son livre, les politiques de workfare prétextant qu’elles étaient inefficaces et qu’elles brimaient la dignité des personnes assistées sociales. Il rejetait ainsi les mesures qui contraignaient les personnes assistées sociales à participer à des activités de réinsertion à l’emploi sous peine de se voir retirer leur droit à l’aide sociale ou de subir une coupe substantielle sur leur prestation mensuelle. Plusieurs ont vite remarqué les similitudes entre les politiques de workfare et les mesures mises de l’avant par le programme Objectif emploi. Les opposantEs au nouveau programme n’ont pas manqué de citer des passages du livre de François Blais (Un revenu garanti pour tous. Introduction aux principes de l’allocation universelle) pour discréditer le programme Objectif emploi. Ils cherchaient ainsi à confronter le ministre avec lui-même. À plusieurs reprises, le ministre dut se défendre, lui qui a toujours refusé d’admettre les contradictions qu’on lui reproche. Qu’en est-il réellement? Le ministre Blais a-t-il tourné le dos à son passé « progressiste » pour embrasser la discipline de parti? Est-ce que sa défense du programme Objectif emploi le pousse à renier ses anciennes positions? Son appui au projet de revenu de base représente-t-il enfin la réalisation de tout ce qu’il espérait dans son livre? Son mandat arrivant à terme, il est temps de confronter les idées présentées dans l’ouvrage du professeur François Blais et les politiques sociales instituées par le ministre Blais. Sommes-nous devant un nœud de contradictions ou existe-t-il une continuité entre les deux positions? D’Objectif emploi au revenu de base : Héritage du mandat de François Blais

Articles de vulgarisation

Collectif pour un Québec sans pauvreté