L’informalisation du recours à la protection sociale au Canada : le cas des réformes de l’assurance-chômage et du nouveau Tribunal de la sécurité sociale

En dégradant l’« emploi convenable » que devaient accepter les prestataires « fréquents », la réforme de l’assurance-chômage intervenue en 2012-2013 a suscité de vives réactions, notamment parce qu’elle mettait fin au caractère redistributif de l’assurance-chômage envers les régions marquées par des activités saisonnières. La réforme parallèle des procédures de contestation et d’appel des décisions d’admissibilité, qui a donné lieu à la création du Tribunal de la sécurité sociale, a été moins commentée. Elle a pourtant abouti à une informalisation des possibilités de recours au droit social. Si une telle réforme s’inscrit dans le caractère autoritaire de l’action du gouvernement Harper, au pouvoir jusqu’en 2015, le propos de cet article consiste cependant à souligner la compatibilité de ces réformes avec le nouveau paradigme guidant, dans les pays industrialisés, les réformes de l’État-providence et remettant en cause la notion de droit social (Siegel, 2004). Le processus d’informalisation du droit social apparait dans ce contexte résulter tant de la mise en oeuvre de procédures arbitraires que de l’invisibilisation de ce processus, faute d’être défini comme un problème public. Yerochewski, Carole et Hans Marotte. « L’informalisation du recours à la protection sociale au Canada : le cas des réformes de l’assurance-chômage et du nouveau Tribunal de la sécurité sociale », Lien social et Politiques, no. 76, 2016, p. 137–155.

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Carole Yerochewski, Hans Marotte

Controverses sur la réactualisation du travail informel au Brésil : l’impact des mobilisations dans l’économie solidaire sur les conceptions du changement social et les stratégies syndicales et politiques

Rassemblant au Brésil toute une partie des travailleurs informels, l’économie solidaire est un sujet controversé parmi les acteurs syndicaux et politiques. Est-elle un lieu d’insertion des travailleurs, et (surtout) travailleuses, pauvres ou informels qui sont rejetés par un marché nécessairement compétitif ? Ou les différentes mobilisations, et certaines des pratiques autogestionnaires de ces travailleurs dits marginalisés, constituent-elles des luttes pour l’égalité et la justice sociale qui dépassent les revendications (en termes de salaires, de durée du travail, etc.) issues du compromis de la société salariale — compromis qui n’a jamais eu vocation à couvrir plus qu’une minorité de travailleurs dans le monde ? Étayé par des entretiens approfondis menés auprès de responsables communautaires, syndicaux et politiques impliqués dans l’économie solidaire au Brésil, l’article met ainsi en lumière les relations entre leurs choix stratégiques et les façons d’analyser le problème de la remontée du travail informel. Les controverses suscitées sont révélatrices de conceptions plus globales sur l’économie et la place des mobilisations de travailleurs dans le changement social. Yerochewski, Carole. « Controverses sur la réactualisation du travail informel au Brésil : l’impact des mobilisations dans l’économie solidaire sur les conceptions du changement social et les stratégies syndicales et politiques », Sociologie et sociétés, vol. 47, no. 1, printemps 2015, p. 201-224.

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Carole Yerochewski

L’action internationale des organisations syndicales québécoises

Cet article présente les résultats d’une recherche qualitative sur les activités internationales des deux plus importantes organisations syndicales québécoises (FTQ, CSN) et de leurs syndicats affiliés. Son modèle d’analyse articule trois dimensions emblématiques de l’action syndicale internationale : les structures et les dispositifs organisationnels; les modes de représentation et de coopération syndicales; les stratégies de «solidarité internationale». Ces activités sont portées dans chaque centrale par une logique et une logistique distinctes. Leurs projets internationaux se sont multipliés, mais les structures sont demeurées inamovibles. Jusque-là ces organisations ont toujours fait «cavalier seul». Quel bilan en dresser aujourd’hui? Les résultats de cette étude livrent des réponses nuancées et parfois inattendues. Ces organisations déploient des activités internationales qui démontrent leur engagement résolu en matière d’action internationale et de… développement international. Les enjeux du travail et de sa régulation internationale y sont peu couverts. Et pour cause. Les logiques de financement conduisent les organisations syndicales à intégrer dans leurs projets les critères des bailleurs de fonds, des organismes d’État priorisant leurs propres orientations politiques en développement international, d’où les difficultés pour les syndicats à faire converger leurs préoccupations, liées aux problématiques du travail, aux stratégies des entreprises et à l’action syndicale, avec celles de leurs sources de financement. Enfin, la «gestion» des activités internationales semble cristalliser un déficit de démocratie interne pour lequel est examinée une hypothèse explicative : la prédominance exercée par les exécutifs sur ces activités grâce à l’intermédiation des cadres salariés. Et-ce à dire que cette hypothèse doive être systématisée aux autres sphères d’activités syndicales? La question demeure entière. Soussi, Sid Ahmed. « L’action internationale des organisations syndicales québécoises », Revue Interventions économiques, no. 52, 2015.

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Sid Ahmed Soussi

Le mouvement syndical québécois face à une période de morosité mondialisée : Défis et opportunités?

Nous assistons actuellement à la précarisation des emplois (plus du tiers des travailleurs seraient atypiques2 ) et au déclin du secteur manufacturier (fermeture et suppression de postes font les manchettes chaque semaine depuis plusieurs mois). La négociation devient raisonnée et en continue et les conventions collectives sont de plus longue durée. Le rapport de force est inversé. Les employeurs décrètent des lock-out de longue durée (Journal de Québec, Pétro-Canada, Journal de Montréal, Rio Tinto, etc.) pendant que dans le secteur public les syndicats se mobilisaient et faisaient front commun (2009) afin d’éviter de se faire imposer des conditions salariales par des mesures législatives, comme en 2005. La réorganisation et la flexibilité se négocient en échange d’une protection accrue pour ceux qui restent, conduisant à une prolifération de nouvelles formes d’emploi atypique. La constitutionnalisation du droit du travail, pour sa part, change le rapport à l’universalisme syndical. C’est pourquoi il y a lieu de se questionner. Puisqu’il y a moins de stabilité en emploi, et que les concepts d’ancienneté et de loyauté n’ont plus la même signification et que cette situation fragilise le sentiment d’appartenance et individualise la société (Brunelle : 2001, 2002, 2004). Cela étant, cet article, brossant la cartographie de la situation, veut jeter un éclairage sur les défis contemporains pour le mouvement syndical, découlant tant du droit du travail et de l’emploi que de la conjoncture actuelle. Gagné, Diane. « Le mouvement syndical québécois face à une période de morosité mondialisée : Défis et opportunités? », Revue internationale sur le travail et la société, vol.11, no. 1, 2013, p.45-75.

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Diane Gagné

Organizing at Wal-Mart: Lessons from Quebec’s Women

The job market has undergone fundamental changes over the last thirty years. The decline in permanent, stable, full-time employment and an increase in the number of non-standard workers transformed workers’ collective organization and union representation. Based on a study of the collective struggles of women employed at Walmart in Quebec and taking into consideration the interrelated effects of non-standard workers’ work and living conditions, the paper explores the ways in which organized labour can adapt to the new context. Two types of data were used: newspapers and academic literature and the results of a study in which eleven women working at Walmart were interviewed between 2010 and 2012. This case study is divided into three parts. In the context of the tertiarization of Quebec’s employment market, the effects of the flexibilization of labour at Walmart are first presented through statistical evidence and the comments of the women interviewed. The next section provides an overview of the UFCW’s union battles with Walmart, including some of the more successful campaign strategies. The final section focuses on participant testimonies to examine what can be learned from these union experiences in the hopes of contributing, insofar as possible, to the discussion on union renewal. Meyer, Stéphanie et Yanick Noiseux. « Organizing at Walmart: Lessons from Quebec’s Women », Global Labour Journal, vol. 6, no. 1, p. 4-23.

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Stéphanie Meyer, Yanick Noiseux

La professionnalité des travailleurs de rue au regard des théories critiques de l’intervention : entre tensions plurielles et nouvelle forme d’autorité contractuelle. Les cas du Brésil et du Vietnam

Cet article traite de deux exemples d’interventions auprès d’enfants en situation de rue réalisées dans le cadre d’organisations de la société civile et ayant fait l’objet d’une observation sur le terrain– le premier se situe au Brésil et l’autre, au Viêt Nam. Surquels modèles se construisent ces interventions professionnelles? Quelles logiques servent-elles? Dans un premier temps, un survol de l’intervention comme champ théorique est réalisé. Dans un deuxième temps, à travers les questions éthiques émergeant d’une étude plus approfondie du concept d’intervention (nécessité pratique de l’interdisciplinarité, pouvoirs cachés, etc.), la piste des formes normatives et montantes de l’intervention contractuelle est explorée. Malhaire, Loïc. « La professionnalité des travailleurs de rue au regard des théories critiques de l’intervention : entre tensions plurielles et nouvelle forme d’autorité contractuelle. Les cas du Brésil et du Vietnam», Les chantiers de l’intervention en sciences humaines, Interdisciplinarité, pratiques et actions collectives », vol. 4, décembre 2014, p. 44-55.

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Loïc Malhaire

L’obligation de résidence : un dispositif juridique au service d’une forme de travail non libre

En vertu du Programme des aides familiaux résidants (PAFR/Live-in Care Program), en vigueur depuis 1992, ces travailleuses du care ont notamment l’obligation de résider chez leurs employeur-e-s canadien-ne-s et doivent souscrire à cette obligation, avec tout ce qu’elle implique en termes de conditions de vie, de travail et de relations de travail, pour une période minimale de deux ans pour devenir éligible à la résidence permanente. Nous avançons ici que cette obligation de résidence participe d’un « arsenal juridique » qui non seulement exprime, mais (ré)organise une « forme transitionnelle d’exploitation » qui passe par une mainmise sur les corps et qu’il faut situer dans la continuité des rapports d’esclavage, de servage, mais aussi de « sexage » théorisés par Colette Guillaumin (1978). Pour développer cette hypothèse de travail, nous procéderons en trois temps. Après un retour sur l’historique du PAFR, nous rappellerons brièvement son contenu actuel (I). Nous tenterons ensuite de montrer en quoi les travailleuses résidantes sont privées du droit à la vie privée que nous interprétons ici comme le droit de disposer d’un espace-temps de vie hors travail (II). Dans un troisième et dernier temps, nous reviendrons sur la démonstration de Colette Guillaumin pour insister sur le caractère illimité dans le temps de l’usage qui peut être fait de la force de travail des employées de maison. Cet article s’appuie sur les tout premiers résultats d’une recherche conduite en partenariat avec PINAY (Organisation des femmes Philippines du Québec) dans le cadre du service aux collectivités de l’UQAM. Il tire l’essentiel de ses lignes directrices des analyses des militantes organisées dans PINAY. Galerand, Elsa et Martin Gallié. « L’obligation de résidence : un dispositif juridique au service d’une forme de travail non libre », Revue Interventions économiques, no. 51, 2014.  

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Elsa Galerand, Martin Gallié

Syndicalisme et relations du travail face à l’incertain et à l’ébranlement des institutions régulatrices du travail

Les six articles proposés dans ce dossier de la revue REMEST proviennent de communications présentées dans l’axe Relations professionnelles/Relations industrielles du XIX° congrès de l’Association Internationale des Sociologues de Langue Française (AISLF) tenu à Rabat en juillet 20121 . Le thème général de ce congrès était « Penser l’incertain ». Les chercheurs y participant, quelle que soit leur spécialité, ont donc été invités à faire part de leur savoir et expérience afin de préciser et vérifier ce constat de départ, celui d’un monde de plus en plus marqué par l’incertitude. Au-delà de son caractère anthropologique – invariant, universel et intemporel – l’incertitude est ainsi considérée comme le phénomène majeur de l’époque contemporaine, comme le paradigme permettant de saisir au mieux cette séquence historique particulière. Car si le danger dans l’histoire du monde n’est pas nouveau, la période actuelle serait pleine de « nouveaux » dangers résultant de l’ubris occidental en matière économique et technologique, cette « expansion illimitée de la maîtrise rationnelle » telle qu’elle est essentiellement portée et incarnée par le capitalisme. Ce cadre global étant posé, il revenait donc aux sociologues réunis à Rabat de discuter et de vérifier, spécialité par spécialité, la pertinence du diagnostic ainsi que les formes particulières prises par cette montée de l’incertitude dans leur domaine spécifique, tout en étant bien évidemment invités à réfléchir également aux réponses à apporter à ce « nouveau défi » qu’est l’incertain. Dans celui du travail et des relations professionnelles, deux mots sont couramment utilisés, mais surtout associés, l’un étant la conséquence de l’autre, pour symboliser cette transformation contemporaine : mutations et ébranlement. Denis, Jean-Michel et Sid Ahmed Soussi. « Présentation du numéro: Syndicalisme et relations du travail face à l’incertain et à l’ébranlement des institutions régulatrices du travail », Revue multidisciplinaire sur l’emploi, le syndicalisme et le travail (REMEST), vol. 9, no. 1, 2014.

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Jean-Michel Denis, Sid Ahmed Soussi

Le cas des femmes monoparentales évoquée par les travailleuses de Wal-Mart

Cet article de Stephanie Mayer est publié dans le bulletin de liaison de la Fédération des associations de familles monoparentales et recomposées du Québec (vol. 39, no. 1). Veuillez nous contacter pour avoir accès à la publication. Mayer, Stéphanie. « Le cas des femmes monoparentales évoquée par les travailleuses de Wal-Mart », Bulletin de liaison de la Fédération des associations de familles monoparentales et recomposées du Québec (FAFMRQ), vol. 39, no. 1, 2014, p. 4-5.

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Stéphanie Mayer