Les chercheur-e-s du GIREPS ont en commun d’interroger le phénomène des travailleurs et travailleuses pauvres (TTP) dans ses interfaces avec les transformations de l’action publique et des politiques sociales d’une part, les mutations du travail, les conditions d’emploi et les luttes sociales d’autre part. Il a aussi pour ambition de resituer la problématique des travailleurs et travailleuses pauvres dans le cadre des processus de globalisation de nos sociétés.
Pour construire les conditions d’une comparaison avec des sociétés « autres », des collaborations soutenues ont été initiées avec des collègues du Brésil et s’étendent aujourd’hui à l’Inde. Sur le plan local, le laboratoire pourra s’appuyer sur un réseau de collaboratrices et collaborateurs engagés dans la pratique qui s’est développé au fil des années avec la participation de plusieurs représentantes de groupes de défense de personnes confrontées à diverses formes de précarité en emploi.
Dans le cadre des activités, les GIREPS s’intéresse tout particulièrement :
- Au rôle des politiques publiques et des interventions législatives dans la structuration de la pauvreté en emploi;
- Aux dimensions genrée et racisée de la dynamique de précarisation du travail;
- Aux perspectives ouvertes et les obstacles rencontrés dans le cadre des mobilisations des travailleurs et travailleuses pauvres.
La programmation de l’équipe s’articule ainsi en trois axes qui sont complémentaires et étroitement imbriqués les uns aux autres, de par la transversalité des questionnements qu’ils comprennent. Le premier est centré sur l’analyse de l’action publique dans le champ de la protection sociale et ses effets sur la précarisation du travail. Ce sont notamment les dispositifs juridiques et législatifs de production de travailleurs et travailleuses pauvres, mais aussi ceux qui sont susceptibles de contrer la précarisation qui sont au cœur du questionnement. Le second axe consiste à incorporer le caractère sexué et racisé de l’organisation du travail à l’analyse des réorganisations et segmentations du marché du travail. Ainsi faisant, nous visons à proposer une articulation dynamique des rapports de pouvoir pour saisir les processus de remarchandisation du travail et d’individualisation caractéristiques de la modernité avancée, comme les nouvelles formes de servitude qui échappent au salariat canonique dans le contexte de l’aggravation des inégalités entre pays et au sein des pays (axe 2). Le troisième axe est dédié à l’action collective, au militantisme, aux formes de résistance et aux pratiques de mobilisation des travailleurs et travailleuses pauvres.
Avec ces trois axes, le GIREPS veut considérer l’ensemble des acteurs sociaux, y compris les organismes communautaires, qui interviennent dans les transformations sociétales en cours et ainsi resituer ces transformations actuellement observables dans l’histoire longue du capitalisme et des différentes formes de division sociale du travail (sexuelle, « raciale » et internationale) telles qu’elles se reproduisent et se recomposent (Silver 2003; Peck et Theodore 2010).