Travail non libre et rapports sociaux de sexe – À propos des programmes canadiens d’immigration temporaire

L’analyse proposée ici défend la nécessité d’opérer un déplacement vis-à-vis des termes qui semblent dominer pour l’heure la réflexion sur les nouvelles formes d’esclavage ou de servitude pour y intégrer pleinement les rapports sociaux de sexe en tant que rapports sociaux de production et d’exploitation. Dans cette perspective, à partir de deux études sur le terrain réalisées auprès des travailleuses domestiques et des travailleurs agricoles soumis aux programmes canadiens d’immigration, il s’agit de chercher à voir comment les rapports de travail qui sont rassemblés sous les concepts « d’esclavage moderne » et de « travail non libre » produisent non seulement une classe de travailleurs exclue du salariat canonique, mais aussi et simultanément une main-d’œuvre racisée, intrinsèquement sexuée : des « non-ressortissants » qui sont aussi des hommes et des femmes dont les corps sont différemment mis au travail, exploités et marqués. Galerand, Elsa et Martin Gallié, « Travail non libre et rapports sociaux de sexe – À propos des programmes canadiens d’immigration temporaire », Canadian Journal of Law and Society / Revue Canadienne Droit Et Société, vol. 33, no. 2, août 2018, p. 223-241.

Articles scientifiques

Elsa Galerand, Martin Gallié

Analyse critique et féminismes matérialistes. Travail, sexualité(s), culture

Numéro Hors-Série 2016 de la revue Cahiers du genre Centré sur les féminismes matérialistes, leurs développements, différences et formes de renouvellement, ce numéro contribue à mettre au jour quelques-unes des tensions qui marquent actuellement la réflexion sur le genre ou les rapports sociaux de sexe, ainsi que leurs relations avec d’autres rapports de pouvoir (de classe, de race, de colonialité, de sexualité). Il s’agit de rendre visible l’apport de ces courants au processus plus général d’émancipation. Bidet-Mordrel, Annie, Elsa Galerand et Danièle Kergoat. « Analyse critique et féminismes matérialistes. Travail, sexualité(s), culture », Cahiers du Genre, vol. hs 4, no. 3, 2016, pp. 5-27.

Direction de numéro de revue

Annie Bidet-Mordrel, Elsa Galerand, Danièle Kergoat

Non qualifiés les travailleurs pauvres ? Pour une analyse en termes de rapports sociaux de la qualification et de la pauvreté en emploi

Des travailleuses et des travailleurs pauvres, mais des emplois mobilisant des qualifications. La permanence du phénomène de non-qualification. La globalisation financière, la recomposition de la division du travail et la transformation du rôle des États. Conclusion Yerochewski, Carole, Elsa Galerand, Frédéric Lesemann, Yanick Noiseux, Sid Ahmed Soussi et Lise St-Germain. « Non qualifiés les travailleurs pauvres ? Pour une analyse en termes de rapports sociaux de la qualification et de la pauvreté en emploi », dans Amine, Samir (dir.), La crise des emplois non qualifiés, Montréal, Presses Internationales Polytechnique, 2015, p.125-163.

Chapitre de Livre

Carole Yerochewski, Elsa Galerand, Frédéric Lesemann, Yanick Noiseux, Sid Ahmed Soussi, Lise St-Germain

Travail domestique et exploitation : Le cas des travailleuses domestiques philippines au Canada (PAFR)

Conduite en partenariat avec les militantes de Pinay qui travaillent activement pour la défense des droits des travailleuses domestiques philippines au Québec depuis 1991, cette recherche veut préciser les effets du défaut de citoyenneté comme des différentes formes de privation et de coercition qui organisent l’exploitation spécifique des travailleuses résidantes et la relation de domesticité2 . Nous avançons ailleurs que l’obligation de résidence participe d’un dispositif juridique qui non seulement exprime mais (ré)organise une « forme transitionnelle d’exploitation » passant par une mainmise sur les corps qui se situe entre esclavage, « sexage » et salariat (Colette Guillaumin : 1978) et qui contribue à produire une forme de travail non libre. Aussi, nous soutenons que cette disposition condamnée par l’OIT au nom du travail décent peut être contestée en droit interne sur le fondement du droit à liberté de sa personne, garanti par l’article 7 de la Charte Canadienne des droits et libertés. Ici, ce sont les implications concrètes de cette obligation de vivre sur le lieu du travail – en termes de conditions de vie, de relations de travail, d’exploitation et de lutte – telle que les travailleuses en font l’expérience qu’il s’agit d’abord de documenter, en vue de produire des outils d’analyse, d’information et de mobilisation. This research is also available in english by following this link. Galerand, Elsa, Martin Gallié et Jeanne Ollivier-Gobeil, Travail domestique et exploitation: le cas des travailleuses domestiques philippines au Canada (PAFR), Service aux collectivités de l’UQAM, PINAY, Montréal, janvier 2015.  

Rapport de recherche

Elsa Galerand, Martin Gallié, Jeanne Ollivier Gobeil

L’obligation de résidence : un dispositif juridique au service d’une forme de travail non libre

En vertu du Programme des aides familiaux résidants (PAFR/Live-in Care Program), en vigueur depuis 1992, ces travailleuses du care ont notamment l’obligation de résider chez leurs employeur-e-s canadien-ne-s et doivent souscrire à cette obligation, avec tout ce qu’elle implique en termes de conditions de vie, de travail et de relations de travail, pour une période minimale de deux ans pour devenir éligible à la résidence permanente. Nous avançons ici que cette obligation de résidence participe d’un « arsenal juridique » qui non seulement exprime, mais (ré)organise une « forme transitionnelle d’exploitation » qui passe par une mainmise sur les corps et qu’il faut situer dans la continuité des rapports d’esclavage, de servage, mais aussi de « sexage » théorisés par Colette Guillaumin (1978). Pour développer cette hypothèse de travail, nous procéderons en trois temps. Après un retour sur l’historique du PAFR, nous rappellerons brièvement son contenu actuel (I). Nous tenterons ensuite de montrer en quoi les travailleuses résidantes sont privées du droit à la vie privée que nous interprétons ici comme le droit de disposer d’un espace-temps de vie hors travail (II). Dans un troisième et dernier temps, nous reviendrons sur la démonstration de Colette Guillaumin pour insister sur le caractère illimité dans le temps de l’usage qui peut être fait de la force de travail des employées de maison. Cet article s’appuie sur les tout premiers résultats d’une recherche conduite en partenariat avec PINAY (Organisation des femmes Philippines du Québec) dans le cadre du service aux collectivités de l’UQAM. Il tire l’essentiel de ses lignes directrices des analyses des militantes organisées dans PINAY. Galerand, Elsa et Martin Gallié. « L’obligation de résidence : un dispositif juridique au service d’une forme de travail non libre », Revue Interventions économiques, no. 51, 2014.  

Articles scientifiques

Elsa Galerand, Martin Gallié

Les apports de la sociologie du genre à la critique du travail

Après avoir fait le point sur les différents courants traversant « la sociologie du genre » et précisé ses rapports – faits de ruptures et de continuités – à la sociologie du travail, Elsa Galerand et Danièle Kergoat tentent de montrer en quoi le courant du féminisme matérialiste, en particulier, interpelle et renouvelle la sociologie du travail, tant sur le plan conceptuel que sur celui des objets et des champs d’analyse. Depuis la théorisation du travail domestique vers une redéfinition extensive du concept de travail en passant par la conceptualisation des rapports sociaux de sexe et de la division sexuelle du travail, c’est finalement le potentiel critique et subversif de cette sociologie qu’il s’agit de mettre en évidence. Galerand, Elsa et Danièle Kergoat. « Les apports de la sociologie du genre à la critique du travail » La nouvelle revue du travail, no. 4, 2014.

Articles scientifiques

Elsa Galerand, Danièle Kergoat

Le travail comme enjeu des rapports sociaux (de sexe)

Depuis les années 1980, comment a évolué la place des hommes et des femmes dans le monde du travail en Europe, aux États-Unis, en Chine, au Japon, en Amérique latine, en Afrique, en Inde, au Maghreb et au Moyen-Orient ? Peut-on comparer, du point de vue du travail, de l’emploi, du chômage, de la formation, des régions du monde dont les histoires, les cultures et les niveaux de développement sont aussi contrastés ? Mettre en perspective ce qui semble incomparable : tel est le défi que relève cet ouvrage collectif. Il établit un bilan de ces situations, ainsi qu’un repérage des enjeux et des débats contemporains. À côté des sujets récurrents et nécessaires – écarts de salaire, évolution des métiers, conditions de travail, chômage -, il traite aussi des migrations, de la mondialisation des emplois, de la protection sociale, du harcèlement, des formes de mobilisation, des nouvelles technologies, de la prostitution, etc. Cet ouvrage révèle le poids central du travail dans l’évolution des rapports sociaux de sexe et dans les processus d’émancipation des femmes. Car la question du travail n’est pas un simple domaine des études de genre : c’est une clé pour comprendre la place des femmes et des hommes dans la société. Réunissant les contributions d’une cinquantaine d’auteur-e-s du monde entier et de plusieurs disciplines, ce livre est un outil de synthèse sans équivalent, ouvert et accessible, qui témoigne de l’internationalisation des débats sur les questions du genre. En dépit de la diversité des thèmes traités, des aires géographiques parcourues et des époques traversées, un leitmotiv chemine dans ces pages : dans le monde du travail, les femmes sont partout, l’égalité nulle part. Galerand, Elsa et Danièle Kergoat. « Le travail comme enjeu des rapports sociaux (de sexe) », dans Maruani, Margaret (dir.), Travail et genre dans le monde : L’état des savoirs, La Découverte, 2013, 464 p.

Chapitre de Livre

Elsa Galerand, Danièle Kergoat

Le potentiel subversif du rapport des femmes au Travail

Le travail est-il un outil de libération des femmes? Pour répondre à cette question, nous sommes parties de la notion d’émancipation. Par ce terme, nous entendons non pas le renversement ou l’abolition des rapports sociaux de sexe mais le mouvement par lequel le rapport de forces entre les classes de sexe peut être déstabilisé, les enjeux reconfigurés. Ce mouvement est nécessairement collectif, il tend vers le renversement de toutes les formes de domination, mais il n’est pas ce renversement. Galerand, Elsa et Danièle Kergoat. « Le potentiel subversif du rapport des femmes au Travail », Nouvelles Questions Féministes, vol. 27, no. 2, 2008, p. 67-82.

Articles scientifiques

Elsa Galerand, Danièle Kergoat