Le travail migrant temporaire : une figure hors normes de la division internationale du travail

Le monde du travail traverse des mutations qui touchent tant sa nature et son contenu que l’organisation productive, les relations contractuelles d’emploi et les modes de régulation dans lesquels s’exercent les activités professionnelles. C’est pourquoi il faut repenser le travail, non plus dansun schéma réducteur du travail industriel, ouvrier et masculin, mais dans la richesse de ses contenus, dans la diversité deses formes institutionnelles, dans la fragmentation de ses temporalités, dans la variété de ses configurations organisationnelles, dans la -dispersion des attentes de ses acteurs. Les auteurs de cet ouvrage abordent les mutations du travail et leurs conséquences dans une perspective sociologique, en appréhendant la question de la transformation de la pensée sur le travail. Ce faisant, ils veulent contribuer à une entreprise de reconceptualisation du travail et de l’emploi à partir des travaux réalisés au cours des dernières années. Ils rendent ainsicompte, de manière critique, des rapports sociaux à travers lesquels le travail contemporain s’institue et se reproduit dans chacun des espaces du travail traités. Soussi, Sid Ahmed. « Le travail migrant temporaire : une figure hors normes de la division internationale du travail », dans D’Amours, Martine, Sid Ahmed Soussi et Diane-Gabrielle Tremblay (dir), Repenser le travail. Des concepts nouveaux pour des réalités transformées, Presses de l’Université du Québec, 2015, p. 185-214.

Chapitre de Livre

Sid Ahmed Soussi

Syndicalisme et relations du travail face à l’incertain et à l’ébranlement des institutions régulatrices du travail

Les six articles proposés dans ce dossier de la revue REMEST proviennent de communications présentées dans l’axe Relations professionnelles/Relations industrielles du XIX° congrès de l’Association Internationale des Sociologues de Langue Française (AISLF) tenu à Rabat en juillet 20121 . Le thème général de ce congrès était « Penser l’incertain ». Les chercheurs y participant, quelle que soit leur spécialité, ont donc été invités à faire part de leur savoir et expérience afin de préciser et vérifier ce constat de départ, celui d’un monde de plus en plus marqué par l’incertitude. Au-delà de son caractère anthropologique – invariant, universel et intemporel – l’incertitude est ainsi considérée comme le phénomène majeur de l’époque contemporaine, comme le paradigme permettant de saisir au mieux cette séquence historique particulière. Car si le danger dans l’histoire du monde n’est pas nouveau, la période actuelle serait pleine de « nouveaux » dangers résultant de l’ubris occidental en matière économique et technologique, cette « expansion illimitée de la maîtrise rationnelle » telle qu’elle est essentiellement portée et incarnée par le capitalisme. Ce cadre global étant posé, il revenait donc aux sociologues réunis à Rabat de discuter et de vérifier, spécialité par spécialité, la pertinence du diagnostic ainsi que les formes particulières prises par cette montée de l’incertitude dans leur domaine spécifique, tout en étant bien évidemment invités à réfléchir également aux réponses à apporter à ce « nouveau défi » qu’est l’incertain. Dans celui du travail et des relations professionnelles, deux mots sont couramment utilisés, mais surtout associés, l’un étant la conséquence de l’autre, pour symboliser cette transformation contemporaine : mutations et ébranlement. Denis, Jean-Michel et Sid Ahmed Soussi. « Présentation du numéro: Syndicalisme et relations du travail face à l’incertain et à l’ébranlement des institutions régulatrices du travail », Revue multidisciplinaire sur l’emploi, le syndicalisme et le travail (REMEST), vol. 9, no. 1, 2014.

Articles scientifiques

Jean-Michel Denis, Sid Ahmed Soussi

L’espace de recherche partenariale : le poids des identités d’acteurs

L a crise du fordisme et l’essor de la société du savoir appellent un changement des relations entre la science et la société. Afin de penser de nouvelles politiques sociales et économiques et de favoriser l’innovation, il faut briser les vieux schémas de production des connaissances et construire de nouveaux liens entre le producteur et le consommateur de savoirs. Le chercheur n’est plus le seul à interroger le réel ; les acteurs sociaux s’immiscent dans la dynamique de la recherche. Dans ce contexte propice à la reconnaissance des différentes formes de savoirs et à la collaboration, la recherche partenariale prend une importance grandissante. Cet ouvrage porte d’ailleurs sur la recherche partenariale. Il présente un ensemble de contributions qui incluent à la fois des réflexions théoriques sur le processus de recherche partenariale et des comptes rendus de recherches réalisées par des chercheurs du Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES) en collaboration avec des acteurs de la société civile. Il illustre la richesse d’une méthode de travail dont la portée se mesure à l’aune d’une volonté affirmée des chercheurs qui y recourent de participer au processus de démocratisation de la production des connaissances. Caillouette, Jacques et Sid Ahmed Soussi. « L’espace de recherche partenariale : le poids des identités d’acteurs », dans Fontan, Jean-Marc, Juan-Luis Klein et Denis Bussières (dir), Le défi de l’innovation sociale partagée : Savoirs croisés, Montréal, Presses de l’Université du Québec, Collection Innovation sociale, 2014, 230 p.

Chapitre de Livre

Jacques Caillouette, Sid Ahmed Soussi

Les flux du travail migrant temporaire et la précarisation de l’emploi: une nouvelle figure de la division internationale du travail?

Cet article expose les résultats d’une étude consacrée aux impacts socioéconomiques locaux des flux du travail migrant temporaire au Canada sur la structure de l’emploi, le rapport salarial et la précarisation du travail. À l’échelle internationale, le phénomène migratoire a laissé progressivement place à celui de la mobilité temporaire, notamment à la faveur de la financiarisation de l’économie et de l’externalisation croissante des activités industrielles et de service des entreprises. S’agit-il d’un infléchissement ou d’un véritable « changement de paradigme dans la gestion des flux migratoires » ? Au Canada, cette transition, accentuée par la mise en place et l’expansion de programmes de travailleurs étrangers temporaires, soulève plusieurs interrogations. Quels liens établir entre cette expansion et la précarisation progressive de l’emploi dans les secteurs d’activité affectés par ces flux ? Dans quelle mesure ces programmes, conçus pour gérer localement les flux du travail migrant temporaire, mais qui s’inscrivent dans une dynamique transnationale, redéfinissent-ils certaines figures de la division internationale du travail ? Les réponses proposées ici sont exposées en quatre parties. La première dresse un portrait de ces programmes et de leur fonction. La deuxième livre une synthèse critique des problématiques du travail migrant temporaire dans l’analyse sociologique en se focalisant sur l’articulation dialectique entre les flux migratoires liés à l’immigration et ceux induits par la mobilité. La troisième partie examine les retombées de ce phénomène en matière de structure de l’emploi, de rapport salarial et de droits sociaux du travail. La dernière partie se focalise sur la dialectique locale/globale induite par ces flux et sur leurs impacts dans la division internationale du travail dont ils tendent à constituer une nouvelle figure. La conclusion revient sur les implications de ce phénomène sur les rapports sociaux du travail en matière d’inégalités sociales (rapports de classe, de genre et rapports ethnoculturels) ainsi que sur les interrogations politiques qu’il soulève concernant l’ambivalence du rôle de l’État dans l’encadrement institutionnel des flux du travail migrant temporaire. Soussi, Sid Ahmed. « Les flux du travail migrant temporaire et la précarisation de l’emploi: une nouvelle figure de la division internationale du travail? », Revue multidisciplinaire sur l’emploi, le syndicalisme et le travail (REMEST), vol. 8, no. 2, 2013, p. 145-170.

Articles scientifiques

Sid Ahmed Soussi