Les réalités du Sud sont-elles solubles dans la pensée du Nord ?

Sid Ahmed Soussi et Youssef Sadik viennent tout juste de faire paraître l’article « Les réalités du Sud sont-elles solubles dans la pensée du Nord ? Enjeux et perspectives » au sein du numéro « Épistémologies des Suds » de la Revue Interventions économiques. Vous pouvez consulter l’article gratuitement en ligne Voici un extrait tiré du résumé du texte : « Quelles postures adopter pour comprendre et expliquer les phénomènes sociaux et les réalités du Sud ? Comment contenir les effets pervers – au sens boudonien – des logiques historiquement produites et culturellement marquées par la pensée du Nord ? Comprendre et expliquer se conjuguent dans cette pensée pour déconstruire les mécanismes de reproduction et des dispositifs d’innovations sociales produits et réinstitués par les sociétés du Nord. Peut-on encore alors continuer de considérer comme des références universelles les modèles théoriques explicatifs conçus par ces sociétés pour leurs propres réalités ? Les études critiques présentées ici ouvrent, chacune à sa manière, des pistes de réflexion nouvelles. Elles s’inscrivent, au-delà de leur très forte diversité contextuelle et des singularités propres à leurs objets respectifs, dans une herméneutique des émergences. Leur point de convergence est leur volonté de se saisir des potentiels émancipateurs conçus et déployés par et dans les sociétés des Suds, à travers des pratiques alternatives, aussi diverses dans leur globalité que singulières dans l’intelligence de leurs réponses aux contextes locaux où elles prennent forme ».  

Articles scientifiques

Sid Ahmed Soussi et Youssef Sadik

Le travail à l’épreuve des nouvelles temporalités

L’ouvrage collectif « le travail à l’épreuve des nouvelles temporalités » est né de la collaboration entre Diane-Gabrielle Tremblay et Sid Ahmed Soussi, membre du GIREPS. Les deux chercheurs.euses cosignent également, au sein de cet ouvrage, le premier chapitre « Les temporalités contemporaines : un état des lieux ». Deux autres membres du GIREPS, Yanick Noiseux et Mylène Fauvel, ont également coécrit le chapitre « Le mouvement communautaire autonome et les conditions de travail: Entre précarité et contrôle des temps de travail » Comment les temporalités en émergence dans le contexte de nos activités quotidiennes, professionnelles et sociales changent-elles notre rapport au travail ? Comment, dans un univers de l’emploi dont les frontières se sont progressivement effacées, les espaces et les temps sociaux se recomposent-ils ? Les auteurs du présent ouvrage proposent une réflexion critique à partir de la double exigence qui transforme sans cesse ces frontières. Il y a celle des milieux, soit celle des environnements des entreprises privées et des organisations publiques avec les contraintes d’organisation que génèrent leurs activités. Il y a aussi le défi pour les travailleurs qui, pour s’affranchir de ces contraintes, doivent imaginer et expérimenter des formes de conciliation entre les temps du travail, de la vie professionnelle et les temps sociaux et familiaux. Ce livre met en dialogue – pour tout lecteur issu du domaine de la sociologie, de l’entrepreneuriat, de l’économie, des sciences politiques ou autres – des enquêtes menées dans différents milieux du travail. Il va au-delà de la simple présentation de la variable temporelle et de ses incidences sur les réarrangements institutionnels et intuitifs des tâches dans les organisations ; il dresse un état des lieux des temporalités contemporaines qui ont progressivement reconfiguré l’emploi et les activités professionnelles telles qu’elles prennent forme aujourd’hui. Fractionnement des temps professionnels, dilution des frontières traditionnelles des horaires, brouillage de temps sociaux autrefois cloisonnés, mais aussi espace de travail et espaces sociaux et familiaux : autant de variables dont la prégnance semble incontestable sur notre rapport au temps et au travail. Tremblay, Diane-Gabrielle, Soussi, Sid Ahmed (dir). 2020. « Le travail à l’épreuve des nouvelles temporalités » Presses de l’Université du Québec, 224 pages. Tremblay, Diane-Gabrielle, Soussi, Sid Ahmed. 2020.  « Les temporalités contemporaines : un état des lieux », dans Tremblay, Diane-Gabrielle, Soussi, Sid Ahmed (dir). Le travail à l’épreuve des nouvelles temporalités: 1-19. Noiseux, Yanick, Fauvel, Mylène. 2020. « Le mouvement communautaire autonome et les conditions de travail: Entre précarité et contrôle des temps de travail » , dans Tremblay, Diane-Gabrielle, Soussi, Sid Ahmed (dir). Le travail à l’épreuve des nouvelles temporalités: 53-82.

Chapitre de Livre, Ouvrages

Sid Ahmed Soussi et Diane-Gabrielle Tremblay

Le travail migrant temporaire et les effets sociaux pervers de son encadrement institutionnel

Sid Ahmed Soussi, chercheur au GIREPS, vient tout juste de faire paraître un article qui dévoile les derniers résultats de ses travaux concernant sur le recours au travail migrant. Voici un extrait, tiré de l’introduction, qui résume le contenu de l’article: « Le recours au travail migrant temporaire a nettement augmenté ces dernières années. Il s’inscrit dans une tendance lourde de l’économie canadienne, en tant que processus systématisé de transformation des relations du travail dans plusieurs filières économiques et de reconfiguration socioéconomique de l’emploi. Ce processus s’observe à l’échelle des deux composantes constitutives du marché de l’emploi : les chaînes de valeur et les secteurs où elles déploient leurs activités. Sa logique productrice de plus-value économique ne peut être saisie sans le rôle central qu’y tient l’action publique. Cette dernière s’exerce par le biais de politiques migratoires conjuguées à des politiques économiques tournées vers le soutien aux entreprises, et vise l’objectif d’une réorientation stratégique de la gestion des flux migratoires pour les premières et d’une flexibilisation optimisée des normes juridico-administratives du travail pour les secondes. C’est ainsi, par exemple, que l’État a progressivement privatisé, ces dernières années, quelques-unes de ses principales prérogatives régaliennes en matière de régulation des flux migratoires temporaires — au profit des agences de recrutement et de placement —, et notamment ses fonctions concernant le traitement administratif des séjours et des parcours professionnels des TMT. Dans ce contexte, cette réorientation remet-elle en question le modèle migratoire canadien qui a historiquement privilégié la migration permanente, et ce, même dans le cadre de ses préoccupations économiques? L’analyse présentée ici combine des résultats de recherche provenant de deux sources. La première, et la plus importante, est une enquête menée au Québec dans les secteurs de l’hôtellerie-restauration et de l’industrie agroalimentaire. Certains résultats font l’objet d’un croisement avec les conclusions dégagées par d’autres recherches réalisées en Alberta et en Colombie-Britannique (Polanco, 2014; Polanco Sorto, 2013), des provinces où se déploient également les dispositifs du Programme de travailleurs étrangers temporaires (PTET), qui est le volet fédéral de l’action publique en matière de gestion des flux migratoires du travail au Canada et qui est accompagné au Québec d’une législation provinciale dont la vocation est d’en optimiser les retombées sur l’économie locale. La question de recherche au cœur de l’enquête menée au Québec porte sur les impacts économiques et sociaux de l’expansion du travail migrant temporaire sur : 1) la relation d’emploi, l’organisation du travail et les relations du travail; 2) les conditions d’accès à la syndicalisation — droits d’association et de négociation —, les statuts sociojuridiques et les différentes formes de discrimination. » Soussi, Sid Ahmed. 2019. « Le travail migrant temporaire et les effets sociaux pervers de son encadrement institutionnel », Lien social et politiques, 83: 295-316.

Articles scientifiques

Sid Ahmed Soussi

Les syndicats et l’immigration au Québec. L’intégration et l’accès aux structures comme innovations syndicales

Résumé de l’ouvrage Dans un contexte de multiplication des expériences innovatrices, le présent ouvrage veut faire reconnaître les pratiques émergentes comme étant valables et justes, et montrer leur capacité à transformer le monde. Ainsi, les auteurs prônent le passage d’une vision minimaliste de l’innovation sociale, selon laquelle les acteurs sociaux et communautaires agissent de manière à pallier l’« austéritarisme » gouvernemental et les insuffisances provoquées par le marché, à une approche plus large, orientée vers une véritable transformation sociale, économique et territoriale. Cette approche rappelle que les objectifs du développement économique doivent être soumis aux impératifs sociétaux et environnementaux. Ainsi, lutter pour faire reconnaître le pouvoir de la société civile de réinventer le monde, c’est réagir au déni de l’alternative, si présent dans le discours des décideurs. C’est aussi donner à voir des initiatives peu valorisées par ces discours, parce qu’elles ne s’inscrivent pas dans leur logique économique, laquelle est essentiellement productiviste et destructrice. Penser la transition, c’est réimaginer des institutions et des pratiques capables d’accroître la capacité des collectivités à favoriser le bien commun. C’est affirmer qu’une société créative et innovatrice devrait adhérer à une vision large de l’innovation, orientée vers le développement économique, mais aussi vers la création d’un écosystème d’innovation où les progrès technologiques et sociaux se croisent et se complètent, écosystème qui devrait repenser les rapports inégalitaires entre les genres, les populations et les territoires. Soussi, Sid Ahmed. « Les syndicats et l’immigration au Québec. L’intégration et l’accès aux structures comme innovations syndicales », dans Klein, J.-L., Boucher, J.l., Camus, A., Champagne, C., Noiseux, Y. (dir.), Trajectoires d’Innovation. Des émergences à la reconnaissance, Presses de l’Université du Québec, 2019, p. 231-240.

Chapitre de Livre

Sid Ahmed Soussi

Les travailleurs migrants temporaires et l’accès aux droits sociaux du travail et à la citoyenneté | Le coût d’une absence politique

Au Québec, la question des « travailleurs étrangers temporaires » demeure peu connue du grand public. Les médias s’y penchent parfois, mais sans permettre de réellement comprendre les causes profondes du recours à ce type de salariat par le patronat local. Au-delà des explications avancées sur les conditions difficiles de séjour et de travail de cette main-d’œuvre, un acteur majeur manque à l’appel dans la couverture journalistique : l’action publique. car C’est la logique conjuguant le recours systématisé aux travailleurs migrants temporaires (TMT) par les entreprises avec le soutien actif de l’État qui pose problème. Soussi, Sid Ahmed, « Les travailleurs migrants temporaires et l’accès aux droits sociaux du travail et à la citoyenneté | Le coût d’une absence politique », Le Webzine, Vivre ensemble (Centre Justice et foi), 2018.

Articles de vulgarisation

Sid Ahmed Soussi

Des travailleurs migrants temporaires à volonté  ?

Réaction aux articles sur les travailleurs migrants temporaires parus dans La Presse et où ce sont surtout les questions de « difficultés liées à l’emploi » et de sécurité qui ont été traitées. Précisions sur le poids de l’action publique. Soussi, Sid Ahmed. « Des travailleurs migrants temporaires à volonté  ? », La Presse+, 14 juillet 2018.

Articles de vulgarisation

Sid Ahmed Soussi

Les programmes de travailleurs étrangers temporaires au Canada : discrimination salariale ou racisme institutionnel?

Le racisme et les formes de discrimination sous lesquelles il se manifeste peuvent trouver dans le monde du travail des espaces propices à leur expression. Certains milieux du travail le sont plus que d’autres, comme ceux où il y a une présence significative d’employéses d’origines ethnoculturelles diverses ou de « travailleurs-es issus-es de l’immigration1 ». Ce type de discrimination, souvent qualifiée de « rapports sociaux racisés » dans la recherche sociale (Soussi, 2013), est attribué à certains facteurs comme le déficit d’intégration économique ou culturelle, ou à des comportements xénophobes suscités entre autres par la peur de l’altérité. Dans tous ces cas, la lutte contre les effets néfastes de ce « racisme ordinaire » tire — à tort ou à raison — une partie de sa légitimité du fait que ce racisme est d’autant plus inadmissible qu’il frappe des citoyens ou des résidents permanents (Sharma, 2006) et qu’il contrecarre les efforts d’intégration déployés par la société civile et les politiques publiques mises en œuvre par l’État. Qu’en est-il, dès lors, des milieux du travail où le recours aux travailleurs migrants temporaires est devenu un phénomène en pleine croissance, accéléré par la remarquable expansion de « programmes de travailleurs étrangers temporaires » (PTET) conçus et gérés par l’État au Canada? Soussi, Sid Ahmed. « Discrimination salariale ou racisme institutionnel? », Droits et libertés, vol. 35, no. 2, automne 2016, p. 24-26.

Articles scientifiques

Sid Ahmed Soussi

Non qualifiés les travailleurs pauvres ? Pour une analyse en termes de rapports sociaux de la qualification et de la pauvreté en emploi

Des travailleuses et des travailleurs pauvres, mais des emplois mobilisant des qualifications. La permanence du phénomène de non-qualification. La globalisation financière, la recomposition de la division du travail et la transformation du rôle des États. Conclusion Yerochewski, Carole, Elsa Galerand, Frédéric Lesemann, Yanick Noiseux, Sid Ahmed Soussi et Lise St-Germain. « Non qualifiés les travailleurs pauvres ? Pour une analyse en termes de rapports sociaux de la qualification et de la pauvreté en emploi », dans Amine, Samir (dir.), La crise des emplois non qualifiés, Montréal, Presses Internationales Polytechnique, 2015, p.125-163.

Chapitre de Livre

Carole Yerochewski, Elsa Galerand, Frédéric Lesemann, Yanick Noiseux, Sid Ahmed Soussi, Lise St-Germain

L’action internationale des organisations syndicales québécoises

Cet article présente les résultats d’une recherche qualitative sur les activités internationales des deux plus importantes organisations syndicales québécoises (FTQ, CSN) et de leurs syndicats affiliés. Son modèle d’analyse articule trois dimensions emblématiques de l’action syndicale internationale : les structures et les dispositifs organisationnels; les modes de représentation et de coopération syndicales; les stratégies de «solidarité internationale». Ces activités sont portées dans chaque centrale par une logique et une logistique distinctes. Leurs projets internationaux se sont multipliés, mais les structures sont demeurées inamovibles. Jusque-là ces organisations ont toujours fait «cavalier seul». Quel bilan en dresser aujourd’hui? Les résultats de cette étude livrent des réponses nuancées et parfois inattendues. Ces organisations déploient des activités internationales qui démontrent leur engagement résolu en matière d’action internationale et de… développement international. Les enjeux du travail et de sa régulation internationale y sont peu couverts. Et pour cause. Les logiques de financement conduisent les organisations syndicales à intégrer dans leurs projets les critères des bailleurs de fonds, des organismes d’État priorisant leurs propres orientations politiques en développement international, d’où les difficultés pour les syndicats à faire converger leurs préoccupations, liées aux problématiques du travail, aux stratégies des entreprises et à l’action syndicale, avec celles de leurs sources de financement. Enfin, la «gestion» des activités internationales semble cristalliser un déficit de démocratie interne pour lequel est examinée une hypothèse explicative : la prédominance exercée par les exécutifs sur ces activités grâce à l’intermédiation des cadres salariés. Et-ce à dire que cette hypothèse doive être systématisée aux autres sphères d’activités syndicales? La question demeure entière. Soussi, Sid Ahmed. « L’action internationale des organisations syndicales québécoises », Revue Interventions économiques, no. 52, 2015.

Articles scientifiques

Sid Ahmed Soussi