Être considéré.e apte à l’emploi et n’en occuper aucun: quelques explications

Publication par Marie-Josée Dupuis et Diane Gagné dans la revue Bulletin de liaison de OCTOBRE 2020 – VOLUME 45, Nº 1 « Au cours des 25 dernières années, le nombre de personnes assistées sociales considérées sans contraintes à l’emploi n’a cessé de diminuer. En avril 2020,il s’élevait à 101435 personnes. Des études ont démontré que les fluctuations du nombre de personnes assistées sociales découlent en grande partie de l’état de l’économie et du marché du travail, et non de facteurs individuels. Malgré cela, s’appuyant sur le stéréotype de la personne assistée sociale paresseuse, profiteuse et dépendante du système de soutien du revenu, les gouvernements continuent de placer l’incitation au travail au centre de leurs politiques d’assistance sociale. » https://www.fafmrq.org/publications/ensemble-prendre-soin-de-la-vie-bulletin-vol-45-no-1/

Articles scientifiques

Marie-Josée Dupuis et Diane Gagné.

Loi 8 et syndicalisation des travailleurs agricoles saisonniers: Une histoire à revisiter pour lutter contre le racisme systémique

Texte de vulgarisation publié dans la revue Le Point du Comité de solidarité de Trois-Rivières. Novembre 2020. (Texte en ligne: http://www.cs3r.org/6707-loi_8_et_syndicalisation_des_travailleurs_agricoles_saisonniers) « Les temps de pandémie qui nous vivons maintenant, nous montrent plus que jamais, la relation étroite entre la précarité d’emploi et le statut d’immigration. Cependant, cette relation n’est pas neuve. Elle a été produite historiquement. Dans le cas des travailleurs agricoles saisonniers du Québec, cette production est bien observable avec le projet de loi 8 de 2014 qui a presque éradiqué les possibilités de syndicalisation des travailleuses et travailleurs migrants dans le secteur agricole. Si déjà leur condition de déportabilité définie par le gouvernement fédéral était un facteur qui a limité leur capacité à s’organiser et à se syndiquer, le projet de loi 8 provincial, maintenant les empêche totalement de s’organiser pour améliorer leurs conditions de travail. »

Articles de vulgarisation

Manuel Salamanca Cardona

Et si le gouvernement cessait de condamner le communautaire à la précarité?

Un texte de Mylène Fauvel et Yanick Noiseux publié dans La Voix de l’Est (Texte disponible en ligne ) le 22 Octobre 2020. Le rapport complet sur les conditions de travail de travail dans le communautaire est disponible sur le site web du GIREPS. « Et si le gouvernement cessait de condamner le communautaire à la précarité? Ces personnes ont été aux avant-postes afin de répondre dans l’urgence aux effets délétères de la pandémie et du confinement. Les services publics, ravagés par de longues années de politiques d’austérité ayant rapidement montré leurs limites, ce sont vers eux que nous nous sommes largement tournés lorsque nous nous sommes préoccupés du sort des personnes en situation d’itinérance, de la sécurité alimentaire des ménages ayant perdu leur emploi, ou encore lorsque nous avons constaté que le confinement se traduisait par l’augmentation de la violence conjugale et des problèmes de santé mentale. Ce qui est toutefois moins connu, c’est que bon nombre de ces travailleurs et travailleuses doivent endosser la précarité pour la combattre. Le récent projet de recherche que nous avons mené sur les conditions de travail dans le secteur montre d’ailleurs qu’ils vivent une grande précarité économique faisant en sorte que le moindre imprévu vient rapidement bousiller leur budget. Parce que les financements ponctuels et à la pièce prennent trop souvent le pas sur le financement dit « à la mission », plusieurs ne savent même pas jusqu’à quand ils auront un emploi, craignent de voir leur poste aboli, leurs heures de travail drastiquement coupées ou encore doivent régulièrement faire des allers-retours à l’assurance-emploi. Pour la quasi-totalité des travailleurs et travailleuses du secteur, ce n’est par ailleurs que parce qu’ils peuvent compter sur des « arrangements hors travail » – comme le revenu d’un conjoint, l’accès à un logement à faible coût ou à un revenu d’appoint, etc. – qu’ils arrivent à boucler leurs fins de mois. Profondément attachés aux valeurs et aux pratiques du mouvement communautaire, les travailleurs et travailleuses chérissent l’importance de leur travail, mais force est de constater que la précarité à ses limites. Plusieurs s’y résignent pour quelques années puis, souvent à contrecœur, doivent partir. D’ailleurs, le taux de roulement dans ce secteur est très élevé, se situant autour de 30 % annuellement. Et ceci n’est pas étranger au fait que la surcharge de travail y est considérable puisqu’un travailleur communautaire sur cinq a vécu de l’épuisement professionnel. Bon nombre de décisions gouvernementales prises durant la pandémie ont eu comme effet d’augmenter de façon draconienne cette charge de travail. Alors que le mouvement communautaire avait besoin de personnel formé et prêt à venir prêter main-forte sur une longue période, le gouvernement a plutôt choisi de s’appuyer sur la plateforme « je bénévole ». Non seulement cette façon de faire suppose que n’importe quelle « paire de bras » puisse « faire la job » et contribue à dévaloriser le travail qui se fait dans le mouvement communautaire, mais cela a aussi considérablement accru la charge de travail. En effet, il fallait bien coordonner, accueillir et supporter les nombreux bénévoles ayant répondu à l’appel, et ce, sans pouvoir compter sur des ressources supplémentaires. Pour le dire autrement, contrairement à la stratégie adoptée dans les CHSLD, ou encore plus récemment dans le secteur scolaire avec l’initiative « Répondez présent », le gouvernement Legault a choisi de s’appuyer sur le travail gratuit — bien souvent de femmes, rappelons-le — en se disant qu’encore une fois, le mouvement communautaire « s’arrangera ». Certes, les subventions d’urgence, annoncées tardivement, sont venues offrir une certaine lueur d’espoir. Toutefois, comme l’a souligné Caroline Toupin, coordonnatrice du Réseau québécois de l’action communautaire autonome, les organismes ont dû remplir, pour recevoir des sommes marginales, des demandes fastidieuses venant s’ajouter aux tâches d’équipes de travail déjà au bord de l’épuisement. Les sommes allouées, non récurrentes et versées parfois plusieurs mois après le début de la pandémie, ont été orientées vers les services définis comme prioritaires par le gouvernement. Elles n’ont donc pas permis l’embauche de personnel permanent et décemment rémunéré, tout en ayant pour effet de limiter l’autonomie des organismes qui sont les plus à même d’identifier les besoins réels sur le terrain. La pandémie nous laisse donc face à deux constats. D’une part, elle a bien montré que le mouvement communautaire joue un rôle social crucial et constitue un élément vital de notre filet social. Et d’autre part, encore une fois, les décisions gouvernementales en contexte de crise ont contribué à dévaloriser le travail qui s’y fait et à accroître la charge de travailleurs et travailleuses sous-payés et faisant chaque jour des petits miracles. Ne serait-il pas temps que le gouvernement aille par-delà les remerciements symboliques et cherche enfin à offrir un financement de base adéquat permettant l’amélioration concrète des conditions de travail de ce secteur? Après tout, la relance de l’économie post-pandémie ne pourra que s’appuyer sur la brique et le béton, mais devra aussi pouvoir compter sur l’action communautaire pour colmater les dommages, fort sérieux et de plus en plus visibles, de la pandémie sur le tissu social. »      

Articles de vulgarisation

Mylène Fauvel et Yanick Noiseux

Militantisme, justice sociale et inégalités numériques : étude de groupes de lutte contre la pauvreté au Québec

Cet article présente des résultats de recherche portant sur les pratiques de communication de 19 groupes de lutte contre la pauvreté au Québec. À cet égard, il s’intéresse aux difficultés rencontrées dans ces pratiques, à leurs objectifs, aux usages des médias numériques utilisés par les groupes, ainsi qu’aux besoins qu’ils expriment en matière de communication publique. L’analyse des données fait émerger les facteurs organisationnels et communicationnels qui permettent d’expliquer l’usage ou le non-usage des médias numériques chez ces groupes. Les résultats montrent que les pratiques de communication numérique sont contingentes des ressources et des compétences numériques dont disposent les organisations et leurs publics. Ils mettent également en lumière un phénomène de stratification numérique de la mobilisation sociale par laquelle certaines formes organisationnelles, certains répertoires d’actions collectives et certaines stratégies de communication publique se voient refusés aux groupes qui ne disposent pas des ressources et des capacités requises pour en tirer profit. Mots-clés : militantisme, lutte contre la pauvreté, justice sociale, communication publique, inégalités numériques

Articles scientifiques

Normand Landry; Anne-Marie Gagné; Sylvain Rocheleau; Christiane Caneva; Pascale Caidor; Mathieu Bégin

Engaging migrant careworkers: examining cases of exploitation by recruitment agencies in Quebec, Canada

Summary: Private, for-profit recruitment and employment agencies are key intermediaries connecting migrant workers from abroad to employers in Canada. Despite this, there is a lack of effective regulation of recruitment agencies by the Canadian federal and provincial governments. The objective of this article is to provide a snapshot of the problem, based on the empirical analysis of the casework of PINAY, a community organisation in Montreal, Quebec, highlighting the multiple compounding effects of this type of exploitation and to highlight the role that community-based organisations play in supporting migrant workers faced with them. Our analysis identifies three types of exploitation: exploitation of financial need, exploitation of immigration precarity, and exploitation of relationships. We conclude the article by discussing community level responses to the exploitation migrant works face in their interactions with recruitment agencies and reflect upon the implications of Quebec’s recent amendment of its labour standards.

Articles scientifiques

Lindsay Larios, Jill Hanley, Manuel Salamanca Cardona, Mostafa Henaway, Nuha Dwaikat Shaer, Sonia Ben Soltane

Les réalités du Sud sont-elles solubles dans la pensée du Nord ?

Sid Ahmed Soussi et Youssef Sadik viennent tout juste de faire paraître l’article « Les réalités du Sud sont-elles solubles dans la pensée du Nord ? Enjeux et perspectives » au sein du numéro « Épistémologies des Suds » de la Revue Interventions économiques. Vous pouvez consulter l’article gratuitement en ligne Voici un extrait tiré du résumé du texte : « Quelles postures adopter pour comprendre et expliquer les phénomènes sociaux et les réalités du Sud ? Comment contenir les effets pervers – au sens boudonien – des logiques historiquement produites et culturellement marquées par la pensée du Nord ? Comprendre et expliquer se conjuguent dans cette pensée pour déconstruire les mécanismes de reproduction et des dispositifs d’innovations sociales produits et réinstitués par les sociétés du Nord. Peut-on encore alors continuer de considérer comme des références universelles les modèles théoriques explicatifs conçus par ces sociétés pour leurs propres réalités ? Les études critiques présentées ici ouvrent, chacune à sa manière, des pistes de réflexion nouvelles. Elles s’inscrivent, au-delà de leur très forte diversité contextuelle et des singularités propres à leurs objets respectifs, dans une herméneutique des émergences. Leur point de convergence est leur volonté de se saisir des potentiels émancipateurs conçus et déployés par et dans les sociétés des Suds, à travers des pratiques alternatives, aussi diverses dans leur globalité que singulières dans l’intelligence de leurs réponses aux contextes locaux où elles prennent forme ».  

Articles scientifiques

Sid Ahmed Soussi et Youssef Sadik

Saúde Pública e sua importância na luta contra a pobreza e a exclusão social (Santé publique et son importance dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale) 

Fernando J. Pires de Sousa, membre internationel du GIREPS, a co-rédigé avec Fernando M. Armijos Briones et Júnior Macambira le texte Saúde Pública e sua importância na luta contra a pobreza e a exclusão social (Santé publique et son importance dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale) pp. 65-73. Cette publication fait partie de l’ouvrage collectif Capitalisme e a Covid-19. Um debate urgente (Capitalisme et Covid-19. Un débat urgent) publié à Sao Paulo (Brésil) en 2020. Coords.  Daniel Castro, Danillo Dal Seno, Marcio Pochmann.

Articles scientifiques, Chapitre de Livre

Fernando J. Pires de Sousa; Fernando M. Armijos Briones et Júnior Macambira

Desmonte do Estado e das Políticas Públicas. Retrocesso do desenvolvimento e aumento das desigualdades no Brasil

Fernando Pires, membre international du GIREPS, a publié en 2020 l’œuvre collective DESMONTE DO ESTADO E DAS POLÍTICAS PÚBLICAS. Retrocesso do desenvolvimento e aumento das desigualdades no Brasil. L’ouvrage a été développé avec d’autres éditeurs (Junior Macambira, Maria Cristina Cacciamali, Amilton Moretto et Franco de Matos) Le livre a été publié à Fortaleza (Brésil) avec le soutien de: l’Institut de développement du travail (Instituto de Desenvolvimento do Trabalho (IDT)); l’Observatoire de politiques publiques de l’Université fédérale de Ceara (Observatório de Políticas Públicas (OPP) da Universidade Federal do Ceará (UFC)) et le Group de recherche sur la gestion des politiques du travail de l’Université de Brasilia (Grupo de Pesquisa Gestão de Políticas de Trabalho (GEPOLT) da Universidade de Brasília (UnB))  

Ouvrages

Júnior Macambira; Fernando Pires; Maria Cristina Cacciamali; Amilton Moretto; Franco de Matos

Protecting the Rights of Migrant Farmworkers in Quebec: To what Extent can Unionization Overcome the Effects of Precarious Immigration Status?

Abstract Very little literature in Canada offers in-depth examination of efforts to unionize migrant farmworkers. Drawing on an empirical case study of farmworker unionization efforts in Quebec, this article makes the argument that, if the monumental efforts of the UFCW are unable to overcome the entrenched anti-union positions of consulates and employers, it is principally due to farmworkers’ precarious immigration status. We argue that both the willingness of the Quebec state to create policy excluding farmworkers from collective bargaining rights and farmworkers’ own doubtful evaluation of the relative costs and benefits of attempting to unionize are innately tied to an immigration system that places migrant farmworkers in a situation of “conditionality of presence and access” (Goldring & Landolt, 2013, p.3). We begin this article with an overview of the precarious and dangerous work conditions that would lead advocates to favour unionization, before turning to a literature review on the perspectives of different actors on farmworker unionization across Canada. Within Quebec (and in other provinces), the UFCW made exceptional efforts to organize this workforce, and here we present their struggle to achieve the right to unionize within the province. Ultimately, these unionization efforts failed, but what are their future prospects in Quebec? How do different Quebec actors—employers, consulates, advocates, and workers themselves—view unionization? We present original data from interviews before turning to a final discussion about the relative contributions and shortcomings of the potential unionization of migrant workers. While unionization can offer significant protections, we must also anticipate and address its shortcomings given the precarious immigration status of so many agricultural workers and invest in alternative forms of collective action. Keywords: migrant workers, farmworkers, unionization, Quebec, immigration policy

Articles scientifiques

Jill Hanley, Leah Paul, Jishian Ravinthiran, Loïc Malhaire, Nathaniel Mosseau

Ces travailleurs jetables qui deviennent « essentiels » en temps de crise

Un texte de Yanick Noiseux et Laurence Hamel-Roy publié dans The Conversation le 13 Mai de 2020. (Le texte est disponible en ligne.) « Ces travailleurs jetables qui deviennent « essentiels » en temps de crise La pandémie actuelle est un puissant révélateur de la précarisation de l’emploi et de l’exploitation des travailleurs à bas salaires, qui sont « devenus » essentiels en temps de crise. Pour comprendre comment nous en sommes venus à devoir inventer à la va-vite des programmes de soutien, on ne peut faire abstraction des ravages d’une politique d’emploi centrée sur la mise en concurrence des uns contre les autres, qui repose sur le transfert des risques vers les individus. Quarante ans après le virage néolibéral, plus du tiers des travailleurs canadiens ont des statuts d’emploi atypiques et précaires (à temps partiel, à contrat, sur appel, via des agences de placement). Ces derniers sont facilement éjectables, comme l’a montré la rapidité des mises à pied dès la mi-mars. Les prestations de chômage auraient pu les protéger, mais rappelons que seulement quatre travailleurs sur dix y ont accès en temps normal, une proportion encore plus faible dans le cas des femmes. Il est aussi ironique de constater la situation des bénéficiaires d’aide sociale vivant avec 690 dollars par mois, quand on avance que 2 000 dollars par mois – le montant de la Prestation canadienne d’urgence (PCU) – est un « strict minimum ». Avec un filet social conséquent et une sécurité d’emploi digne de ce nom, nous n’aurions pas à créer autant de nouveaux programmes d’aide en catastrophe comme Jean Yves Duclos, le président du Conseil du trésor au fédéral, l’a reconnu. En tant que professeur au département de sociologie de l’Université de Montréal, mes travaux portent sur le renouvellement du syndicalisme, les transformations du travail et les politiques sociales dans le contexte de la mondialisation. Laurence Hamel-Roy poursuit pour sa part présentement un doctorat en humanités à l’Université Concordia. Ses recherches portent notamment sur les transformations du secteur des services de soutien à domicile québécois et leurs impacts sur les conditions d’emploi. Nous sommes tous deux chercheurs au Groupe interuniversitaire et interdisciplinaire de recherche sur l’emploi, la pauvreté et la protection sociale (GIREPS). Une prestation d’urgence injuste La PCU, annoncée dans la confusion et amendée à de multiples reprises depuis, témoigne bien du bourbier dans lequel on se retrouve. Elle est, comme plusieurs l’ont déjà dénoncé, inéquitable et discriminatoire. Même amendée, la mesure est notamment injuste pour les travailleurs à petits salaires qui en sont exclus (s’ils gagnent plus de 1 000 dollars par mois) et discriminatoire envers ceux et celles qui ont perdu leur emploi avant et après le 15 mars. La PCU-Étudiant (1 250 dollars par mois) annoncée plus récemment réifie quant à elle une distinction envers les jeunes dont on estime que les besoins seraient moins élevés parce qu’ils poursuivent leurs études. Il aurait été plus juste de rendre cette prestation universelle en proposant un revenu minimum garanti temporaire et en s’appuyant sur une structure d’imposition très progressive allant jusqu’à imposer à 100 % la prestation d’urgence des plus riches. L’impossibilité de cumuler un revenu au-delà de 1 000 dollars et l’absence d’articulation de la PCU avec les mesures provinciales a d’importants effets déstructurant, notamment dans le secteur agricole et le système de soins. Des mesures provinciales insuffisantes Au Québec, les décisions du premier ministre Legault s’appuient sur des solutions bricolées « à la pièce », avec leurs effets collatéraux. Le rehaussement à la fin mars du salaire des préposées aux bénéficiaires dans les résidences privées pour personnes âgées en constitue un exemple. Elle ne portait le salaire horaire qu’autour de 17 dollars, ne comblait pas complètement l’écart avec le salaire versé au secteur public et, surtout, laissait en plan les travailleuses des entreprises d’économie sociale et solidaire (ESSAD), du Chèque emploi-service et des agences privées offrant des services à domicile. Ces travailleuses revendiquent encore aujourd’hui la mise en place d’un décret de convention collective. Près de deux mois après la déclaration de l’état d’urgence sanitaire, l’absence d’une réponse globale dans le secteur des soins occasionne des mouvements de personnel d’un établissement à l’autre et d’un secteur à l’autre avec les risques de rupture des soins et de propagation du virus que cela représente. Elle ouvre aussi la porte aux pratiques prédatrices d’agences de placement privées venant colmater les brèches à gros prix. Devant la sérieuse crise qui sévit dans le système de santé, le gouvernement Legault s’est appuyé sur une série de plus de trente arrêtés ministériels témoignant de son peu de considération pour les soignantes et lui permettant, en suspendant l’application des conventions collectives, de disposer du personnel à sa guise. Pour faire face aux manques croissants de personnel, le MSSS s’est ainsi notamment chargé de modifier unilatéralement les disponibilités des travailleuses et de les délester d’un milieu de travail à l’autre. L’annonce tardive, le 7 mai, de primes substantielles pour le personnel à temps plein dans les zones à risque est certainement bienvenue. Il n’en demeure pas moins qu’il aura fallu une hécatombe dans les CHSLD pour que le gouvernement non seulement rémunère conséquemment une partie des travailleuses dont l’apport a été trop longtemps mal reconnu et qu’il reconnaisse – temporairement rappelons-le – la nécessité de fournir des horaires stables et à temps plein. Reste aussi à savoir si nous ne sommes pas en train de déshabiller Paul pour habiller Jacques. Pour une solution durable par-delà la crise Jusqu’à maintenant, les travailleurs des services sociaux et de santé ont reçu à juste titre une large part de l’attention médiatique. Mais les travailleurs à bas salaires – principalement des femmes, et souvent des personnes racisées ou issues de l’immigration – qui travaillent dans les épiceries, les restaurants, les pharmacies, ou, encore plus invisibles, dans les entrepôts, font des livraisons ou de l’entretien, doivent également avoir un accès égal à de meilleures conditions de travail. C’est le cas aussi des travailleuses qui portent sur leurs épaules le secteur communautaire sous-financé. Nous estimons que le salaire doit être de vingt dollars l’heure, minimalement, et pas de manière temporaire. Et à ceux qui avancent que cette augmentation du salaire minimum donnera le coup de grâce aux PME, les sommes colossales – plus de 146 milliards du fédéral

Articles de vulgarisation

Yanick Noiseux et Laurence Hamel-Roy