Cette étude vise à documenter les effets de la pandémie et des mesures sanitaires sur les pratiques des groupes de femmes membres du Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale (RGF-CN). Trente-deux participantes — travailleuses, bénévoles et militantes — ont contribué à cette recherche exploratoire. Trois dimensions y ont été particulièrement analysées : les pratiques d’intervention auprès des femmes, la vie associative et démocratique, ainsi que la gestion et l’organisation du travail. Ce travail met en lumière des pratiques, des questionnements et des apprentissages précieux pour renforcer, en temps de crise, la capacité d’action des groupes de femmes. Il souligne aussi leur rôle essentiel dans la défense des valeurs féministes de solidarité et de justice sociale.
Ce texte a pour objectif d’exposer la chronologie de deux grèves méconnues et peu analysées, celles des travailleur·euse·s de la Fonderie Horne de 1986-1987 et de 2002-2003. La comparaison entre ces deux conflits de travail nous permettra par ailleurs de revenir sur l’évolution de la mobilisation et du discours syndical quant à la place des enjeux de SST dans les négociations et, plus largement, sur leurs répercussions pour les citoyen·ne·s de Rouyn-Noranda. Compte tenu des discussions récentes sur les taux anormalement élevés d’arsenic dans l’air de Rouyn-Noranda – et sur la possible fermeture de cette usine qui emploie plus de 600 personnes syndiqué·e·s par la Confédération des syndicats nationaux (CSN) –, il est particulièrement intéressant d’interroger la position syndicale actuelle vis-à-vis le développement industriel en région et ses conséquences sur la santé des travailleur·euse·s et habitant·e·s. Nous amorcerons cette chronique par une brève présentation historique du syndicalisme dans la ville de Rouyn-Noranda (1). Par la suite, nous aborderons l’activité et la stratégie syndicale lors des grèves de 1986-1987 (2) et de 2001-2002 (3). La comparaison entre ces deux conflits distincts permettra ensuite de mettre en contexte la position syndicale actuelle quant à la fermeture de la fonderie (4). Nous conclurons finalement avec un commentaire sur le pouvoir de l’entreprise Glencore et la responsabilité qu’elle fait porter aux citoyen·ne·s (5).
Cette chronique porte sur les conflits de travail entre des syndicats locaux de conducteur·trice·s de véhicules scolaires et des compagnies de transport qui ont marqué différentes régions québécoises au cours de l’année 2023 et au début de l’année 2024. Après une brève mise en contexte retraçant l’état de syndicalisation dans le secteur du transport scolaire (1), nous exposons le fonctionnement et les mécanismes de financement propres à ce secteur (2) pour brosser ensuite un portrait des conditions de travail et des enjeux qui sont au cœur des revendications portées par les syndiqué·e·s (3). La section qui suit propose une chronologie des grèves dans le secteur du transport scolaire au cours des deux dernières années (2023-2024) (4), et ce, en fonction de l’affiliation des syndicats locaux à différentes centrales (4.1 et 4.2). Nous présentons ensuite une brève étude du cas de la plus grande entreprise multinationale de transport scolaire au Québec et en Amérique du Nord, Transco/First Student (5). Nous insistons en particulier sur le cas de la grève chez Transco-Montréal, car celle-ci fut la plus longue et la plus importante au cours de cette période (6). En guise de conclusion, nous ferons un premier bilan des gains réalisés par les chauffeur·euse·s à l’issue de ces conflits de travail et discuterons des rôles joués par l’État et les Centres de services scolaires (CSS), dans le cadre de ces conflits, ainsi que des avenues possibles en termes de stratégies syndicales futures (7)
Le 24 avril 2024, la toute récente Association McGillienne des professeur·e·s de droit (AMPD), créée en 2021, déclenche une grève illimitée. Dans le petit monde des enseignant·e·s universitaires québécois·e·s, c’est un événement rare qui mérite d’être souligné. L’AMPD est alors le premier syndicat de professeur·e·s au sein de la prestigieuse Université McGill, à déclencher une grève et le premier à subir les attaques frontales d’une direction ouvertement antisyndicaliste. C’est ainsi un conflit qui permet d’illustrer une campagne antisyndicale d’un patronat totalement décomplexé, qui n’hésite pas à mobiliser des fonds publics, les tribunaux, à faire traîner les négociations et à ridiculiser les étudiant·e·s solidaires afin d’empêcher ou de décourager toute forme de syndicalisation du corps professoral. Ce même patronat qui, souligne le jeune syndicat, s’oppose à toute forme de contestation et fait preuve d’une rare arrogance : il recourt aux forces de l’ordre et à des services de sécurité privés pour expulser un campement propalestinien qui demande simplement une reddition de compte ; il méprise ouvertement les demandes de familles autochtones qui souhaitent procéder à des fouilles archéologiques pour préserver les restes d’enfants retrouvés sur le campus lors de travaux ; et il est alors incapable de s’opposer efficacement au Gouvernement québécois, qui a décidé d’augmenter d’un tiers les frais de scolarité des étudiant·e·s de premier cycle qui ne sont pas Québécois·e·s. C’est également une lutte qui permet de mettre en lumière pourquoi et comment un groupe de travailleurs et de travailleuses relativement privilégié, peu habitué à se mobiliser et à lutter collectivement, décide finalement de s’organiser, de « recourir à l’action syndicale » pour reprendre leur formule, afin de s’opposer à l’arbitraire patronal et aux attaques contre leurs conditions de travail. Ce cas permet enfin d’illustrer une forte solidarité de la communauté universitaire canadienne et québécoise, qui ne se limite pas à un soutien moral, mais qui s’accompagne d’un soutien financier important et de moyens de pression relativement originaux, comme les flying pickets. Enfin, ce conflit offre des pistes de réflexion préoccupantes sur les motivations et le zèle qu’ont pu déployer certains cadres pour s’opposer frontalement, sans crainte d’être condamnés au tribunal pour entraves, aux droits fondamentaux de se syndiquer et de négocier collectivement.
Les migrations internationales de travail prennent progressivement la forme d’une mobilité temporaire et circulaire systématisée. Cet article analyse les conséquences locales des migrations internationales de travail sur trois dimensions significatives des zones grises du travail : la reconfiguration de l’emploi, la dérégulation des relations de travail et l’accès discriminé aux droits sociaux des travailleurs migrants temporaires. Ce phénomène, constitutif d’une nouvelle figure de la division internationale du travail, ne peut être saisi sans le rôle actif de l’action publique locale et le rôle ambivalent des États
Les chroniques des conflits de travail (CCT) consistent à documenter l’histoire, les revendications, les actions et les enjeux, notamment juridiques, de conflits du travail, passés ou présents. Par là, elles veulent contribuer à alimenter les recherches sur les pratiques de résistance et de mobilisations collectives des travailleurs et des travailleuses en lutte contre l’exploitation. Cette chronique présente une chronologie de la grève illimitée menée par la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) de novembre à décembre 2023. Cette mobilisation visait à dénoncer l’inaction du gouvernement face aux revendications concernant les conditions de travail, la composition des classes et les salaires des enseignants. Malgré des tentatives de négociation, le gouvernement n’a proposé que des concessions insuffisantes, menant à une grève historique impliquant 65 500 enseignant·e·s. La mobilisation a culminé le 23 novembre 2023, date marquée par une manifestation massive et un soutien important du public. Après cinq semaines de grève, une entente de principe a finalement été conclue, bien que celle-ci ait suscité des réactions mitigées parmi les membres, en raison de compromis perçus comme insuffisants face aux attentes initiales.
Les chroniques des conflits de travail (CCT) consistent à documenter l’histoire, les revendications, les actions et les enjeux, notamment juridiques, de conflits du travail, passés ou présents, en vue d’alimenter la recherche sur les pratiques de résistance et de mobilisations collectives des travailleurs et des travailleuses contre l’exploitation. Les 30 syndicats impliqués dans le secteur de l’hôtellerie mènent une plateforme commune de revendications pour négocier avec leurs employeurs, tout en conservant la liberté d’ajouter des demandes spécifiques et de choisir leurs moyens d’action. Sans convention collective depuis le 30 juin 2024, plusieurs grèves ponctuelles ont eu lieu durant l’été. Le 12 septembre, les employés de l’hôtel Bonaventure à Montréal ont entamé une grève illimitée, suivis le lendemain par ceux de l’hôtel PUR à Québec. Les travailleurs de l’hôtel Delta à Sherbrooke, quant à eux, ont adopté une banque de 120 heures de grève. La présente chronique vise à faire un bref survol de cette lutte syndicale.
Les chroniques des conflits de travail (CCT) consistent à documenter l’histoire, les revendications, les actions et les enjeux, notamment juridiques, de conflits du travail, passés ou présents, en vue d’alimenter la recherche sur les pratiques de résistance et de mobilisations collectives des travailleurs et des travailleuses contre l’exploitation. Le 15 septembre 2022, la Société des arrimeurs de Québec (SAQ) déclenche un lock out à l’encontre des 81 débardeurs du Port de Québec. En septembre 2024, deux ans plus tard, le lock out est toujours en vigueur et les activités du Port de Québec semblent fonctionner « normalement ». Elles seraient même en légère hausse. Il faut dire que dans la mesure où les ports relèvent de la compétence fédérale, la SAQ peut légalement recourir à des briseurs de grève.
Les chroniques des conflits de travail (CCT) consistent à documenter l’histoire, les revendications, les actions et les enjeux, notamment juridiques, de conflits du travail, passés ou présents. Par là, elles veulent contribuer à alimenter les recherches sur les pratiques de résistance et de mobilisations collectives des travailleurs et des travailleuses en lutte contre l’exploitation. Cette chronique est consacrée à la grève des 65 500 enseignantes (du préscolaire, du primaire, du secondaire, de l’enseignement en milieu carcéral, de la formation professionnelle et de l’éducation des adultes) syndiquées à la Fédération autonome de l’enseignement (FAE[1]) qui a été déclenchée le 23 novembre 2023 avec un mandat de grève illimitée et qui a pris fin après cinq semaines. En guise d’introduction, cette chronique revient d’abord sur le contexte de cette grève, la dynamique syndicale dans laquelle elle s’inscrit ainsi que sur les revendications (partie 1). Elle présente ensuite une chronologie détaillée des évènements qui veut rendre compte des paradoxes du conflit et de quelques-uns des enjeux qu’il soulève (partie 2). En conclusion, elle propose quelques pistes de réflexion (partie 3). L’ensemble a été exclusivement rédigé à partir des articles de presse, communiqués syndicaux, chroniques, synthèses ou commentaires repérés sur les pages Facebook (de la FAE, des syndicats membres de la FAE et du Front commun) qui ont été publiés, et ce jusqu’à trois mois après la signature de l’entente mettant fin à la grève.
De nouvelles opportunités s’offrent au mouvement syndical. La rareté de la main-d’oeuvre et la situation économique (inflation) procurent une conjoncture favorable aux organisations syndicales leur permettant de regagner du terrain perdu. De plus, outre la récente décision de la Cour d’appel du Québec concernant les travailleurs et travailleuses étudiants d’ABI – qui reconnait que ceux-ci ne peuvent pas être payés moins pour accomplir des tâches équivalentes – de récents changements législatifs rendent plus difficiles l’adoption de clauses de disparité de traitement et commandent l’obligation d’une rémunération équivalente pour les travailleurs et travailleuses d’agence. Reconnaissant la nécessité du changement organisationnel, thématique de ce numéro, pour les différentes parties prenantes du monde du travail, les auteur.es posent alors cette question : comment les organisations syndicales pourraient saisir l’occasion qui se présente? Dit autrement, comment pourraient-elles contribuer à réduire la précarité en emploi tout en assurant la pérennité des organisations ? Après cinq décennies de « vent de face », les astres sont alignés pour que le mouvement syndical reprenne l’offensive et travaille à renverser la vapeur de la précarisation du travail, Pour se faire, il faut sortir du carcan de leur corporatisme syndical, et surtout ne pas « surfer » sur la satisfaction des membres. Il faut au contraire des actions d’éducation, de mobilisation et de sécurisation, afin de contrer la précarisation du marché du travail. Cette conjoncture favorable doit aussi bénéficier aux travailleurs et travailleuses précaires, une telle opportunité ne se représentera pas souvent!