Le syndicalisme est-il un groupe de pression?

Le syndicalisme est-il un groupe de pression ? La question peut sembler provocatrice, voire incongrue, compte tenu du titre de l’ouvrage dans lequel s’insère ce chapitre. Pourtant, elle est au cœur des études sur ce mouvement depuis ses premières heures, et à ce titre elle mérite d’être posée. Elle revient en fait à interroger la nature même du syndicalisme, non seulement dans son rapport à l’État et aux autorités publiques, mais aussi dans sa logique de représentation et ses dynamiques internes. Dès ses origines, le mouvement syndical intervient à la fois dans les milieux de travail, pour représenter et défendre les travailleurs face à leur employeur, et dans la société, pour porter plus largement les intérêts de la classe ouvrière. Le chapitre offre une analyse du syndicalisme québécois dans la lignée de cette tradition dialectique en prenant en compte les spécificités et les contradictions internes du mouvement. Nous y étudions son positionnement vis-à-vis de l’État, mais toujours en le plaçant dans le contexte des transformations du travail, dans lesquelles tous les volets de l’action syndicale s’inscrivent nécessairement. Il s’agit par ailleurs de réfléchir plus spécifiquement sur les changements récents entraînés par la dérégulation des marchés et les remises en cause de l’État-providence, et sur leurs impacts sur le syndicalisme dans sa capacité à représenter le travail tant dans les entreprises que dans le champ politique. Noiseux, Yanick et Thomas Collombat. « Le syndicalisme est-il un groupe de pression? », dans Brady, Jean-Patrick et Stéphane Paquin (dir.), Groupes d’intérêt et mouvements sociaux, Presses de l’Université Laval, coll. Prisme, 2016.

Chapitre de Livre

Yanick Noiseux, Thomas Collombat

Trabalho, desenvolvimento e pobreza no mundo globalizado

Sous la direction de F. Pires et Y. Noiseux. Ouvrage colligeant les articles rédigés par les conférenciers et conférencières dans le cadre du Colloque international sur les travailleurs pauvres, la protection sociale et la lutte contre la pauvreté, dans les contextes brésiliens et canadiens qui s’est tenu à l’Université fédérale du Ceará (Fortazela) du 30 octobre au 1er novembre 2012

Ouvrages

Fernando José Pires de Sousa, Yanick Noiseux

Travail et informalité : Nouvelles figures de l’exploitation et des mobilisations au Nord et au Sud

Après plus de trente ans de mutations du travail et de l’emploi, qui se traduisent par une remontée du travail informel, y com – pris dans les pays industrialisés, doit-on encore parler de crise de la société salariale ? Est-ce que les métamorphoses de la question sociale, pour reprendre l’expression de Robert Castel, ne nous indiqueraient pas plutôt qu’il faille ajuster la focale d’observation et d’analyse ? En regroupant sous la catégorie d’informels les travailleurs atypiques, indépendants, à domicile, les précaires (sur)vivant de petits boulots, ce numéro s’inscrit volontairement dans les controverses sur la façon de caractériser le travail informel, tout en s’en démarquant. Le travail informel ne peut être considéré comme une sphère autonome de l’éco – nomie formelle. Activités informelles et formelles sont résolument imbriquées. On met ici l’accent sur les réalités expérimentées par les travailleuses et travailleurs informels et sur ce que leurs mobilisations apportent au renouvellement des perspectives théoriques, souvent (ethno)centrées sur la société salariale au Nord, en examinant leurs aspirations et leurs pratiques sociales. Car ces travailleuses et travail – leurs contestent l’ordre social sous de multiples aspects. En outre, les femmes, majoritaires dans le travail informel, y jouent un rôle important. C’est ce qu’illustrent les articles de ce numéro regroupés sous deux axes en mettant l’accent d’un côté sur les résistances, les contraintes institutionnelles et les adaptations et, de l’autre, sur les mobilisations. Yerochewski, Carole et Yanick Noiseux (dir.), Sociologie et sociétés, vol. 47, no. 1, printemps 2015.

Direction de numéro de revue

Carole Yerochewski, Yanick Noiseux

Non qualifiés les travailleurs pauvres ? Pour une analyse en termes de rapports sociaux de la qualification et de la pauvreté en emploi

Des travailleuses et des travailleurs pauvres, mais des emplois mobilisant des qualifications. La permanence du phénomène de non-qualification. La globalisation financière, la recomposition de la division du travail et la transformation du rôle des États. Conclusion Yerochewski, Carole, Elsa Galerand, Frédéric Lesemann, Yanick Noiseux, Sid Ahmed Soussi et Lise St-Germain. « Non qualifiés les travailleurs pauvres ? Pour une analyse en termes de rapports sociaux de la qualification et de la pauvreté en emploi », dans Amine, Samir (dir.), La crise des emplois non qualifiés, Montréal, Presses Internationales Polytechnique, 2015, p.125-163.

Chapitre de Livre

Carole Yerochewski, Elsa Galerand, Frédéric Lesemann, Yanick Noiseux, Sid Ahmed Soussi, Lise St-Germain

Transformation du travail au Québec: flexibilité et précarité

Plusieurs organisations constatent actuellement des transformations importantes dans le monde du travail, entraînant une précarisation des travailleuses et travailleurs, une multiplication des atteintes au droit d’association et une dégradation des régimes de protection sociale. Ces reculs, qui entraînent la violation de multiples droits, affectent plus particulièrement les femmes, les personnes issues de l’immigration, les travailleuses et travailleurs migrants et autres personnes susceptibles d’être discriminées. Le Rapport sur l’état des droits humains au Québec et au Canada montrait que ces transformations sont intimement liées à la tendance à la priorisation de la croissance économique au détriment de tout autre objectif de société et au passage d’une logique de droits à une logique du mérite. La Ligue des droits et libertés a choisi de consacrer le présent numéro de sa revue à ces enjeux afin de les approfondir, de les situer dans une perspective historique et d’ouvrir des réflexions sur les perspectives de rupture avec le modèle actuel. Noiseux, Yanick et Samuel Blouin. « Transformation du travail au Québec: flexibilité et précarité », Droits et libertés, vol. 33, no. 2, automne 2014, p. 18-19.

Articles de vulgarisation

Yanick Noiseux, Samuel Blouin

Transformations des marchés du travail et innovations syndicales au Québec

Pour qui s’intéresse à l’évolution du travail au Québec, le passage à un régime néolibéral au tournant des années 1980 renvoie à un concept : la flexibilisation. Trente ans plus tard, avec la montée en flèche du nombre d’emplois atypiques, force est de constater que flexibilité rime aussi avec précarité, l’emploi atypique se distinguant trop souvent par une moindre rémunération et un accès restreint aux multiples formes de protection sociale. Comment le syndicalisme peut-il s’ajuster aux besoins différenciés d’une main-d’œuvre de plus en plus diversifiée et employée sur des marchés du travail toujours plus segmentés ? L’auteur nous invite à penser le marché du travail à partir de sa périphérie, et à réfléchir à l’innovation syndicale à partir des pratiques, des stratégies et des revendications d’organisations de travailleurs se situant sur les marges de la société salariale. Dans une démarche qui vise le rajeunissement, voire la métamorphose du syndicalisme, il porte attention aux possibilités d’innovation sous-tendue par la nouvelle configuration du travail dans le capitalisme d’aujourd’hui. Pour ce faire, il présente un état des lieux du travail sur les marchés périphériques au Québec, en accordant une place prépondérante aux expériences des travailleurs, puis expose des pistes de réflexion sur le renouvellement de la théorie syndicale et sur le redéploiement de l’action syndicale au Québec. Enfin, il propose cinq études d’expériences portées, ici et maintenant, par des travailleurs atypiques et des organisations syndicales soucieuses de répondre à leurs besoins différenciés en matière d’organisation collective. L’ouvrage nous montre que les organisations de travailleurs demeurent déterminantes et constituent l’une des pistes majeures à explorer afin de repenser l’articulation des mobilisations et l’émancipation sociales à l’ère de la mondialisation néolibérale. Noiseux, Yanick. Transformation du travail et innovation syndicales au Québec, Montréal, Presses de l’Université du Québec, 2014, 276 p.

Ouvrages

Yanick Noiseux

Des Demi-citoyens, pas des « voleurs de jobs »

Les nouvelles allégations d’abus entourant les controversés programmes de travail migrant temporaire du gouvernement fédéral, feraient en sorte, si l’on en croit l’article de La Presse canadienne paru le 28 avril dernier, « d’entacher la réputation politique de Jason Kenney » qui « serait dans la mire des groupes d’affaires, des syndicats et même des citoyens ordinaires qui pensent que le gouvernement conservateur a permis à des étrangers de voler leurs emplois ». Devant de tels dérapages, des précisions doivent être apportées quant à la critique que nombreux sont à porter à propos de l’essor de programmes de travail migrant temporaire « fabriquant » des demi-citoyens actifs dans un nombre grandissant de secteurs de l’économie canadienne (travail agricole, aide-domestique, hôtellerie, restauration, transformation des viandes, mines, etc.). Comme les réformes récentes de l’assurance-emploi et de l’aide sociale, l’esprit téléguidant la mise en œuvre de ces programmes s’inscrit dans un retournement de la politique économique liée au travail dorénavant articulé autour de la « flexibilisation du travail » et de la mise en concurrence des travailleurs, particulièrement ceux et celles s’activant « au bas de l’échelle ». Noiseux, Yanick. « Des demi-citoyens, pas des voleurs de jobs », Réseau d’études des dynamiques transnationales et de l’action collective (REDTAC), no. 5, 2014.

Articles de vulgarisation, Articles scientifiques

Yanick Noiseux

Les travailleurs pauvres : Précarisation du marché du travail, érosion des protections sociales et initiatives citoyennes

L’emploi se transforme. Auparavant relativement stable, il devient de plus en plus précaire, flexible, temporaire. Dans cette vaste transformation, les entreprises autant que l’État -modifient leurs modes d’opération et leur rôle. Compétitivité et productivité sont autant de mots-clés faisant partie du vocabulaire des dirigeants politiques et économiques. Mais à quelles conditions et à quels coûts pour les travailleurs ? Hélas, l’emploi ne permet souvent plus de garantir un niveau de revenu suffisant pour ne pas être pauvre. Ulysse, Pierre-Joseph, Frédéric Lesemann et Fernando J. Pires de Sousa. Les travailleurs pauvres: Précarisation du marché du travail, érosion des protections sociales et initiatives citoyennes, Montréal, Presses de l’Université du Québec, 2014, 298 p.

Ouvrages

Pierre-Joseph Ulysse, Frédéric Lesemann, Fernando J. Pires de Sousa

The Impact of Liberalization on Female Workers in Quebec: Five Cases Studies

Cet article explore l’impact de la libéralisation des marchés sur la main-d’œuvre féminine au Québec. Il cherche à valider une intuition formulée par Brunelle, Beaulieu and Minier (2004) en guise de conclusion d’un rapport de recherche mettant en relief l’essor et la prolifération des marchés périphériques du travail dans le capitalisme mondialisé. Parce qu’elles sont surreprésentées dans le travail atypique, les auteurs se demandaient alors si la restructuration des marchés du travail avait des impacts négatifs les femmes. En nous appuyant sur quatre études de cas dans différents secteurs de l’économie (habillement, commerce de détail, télécommunications, services d’aide à domicile), l’article valide l’ hypothèse d’une rehiérarchisation genrée du marché du travail sur la base de statuts d’emploi dans le sillage du processus de libéralisation. Noiseux, Yanick et Marie-Pierre Boucher. « The Impact of Liberalization on Female Workers in Quebec: Five Cases Studies », Canadian Review of Sociology, vol. 50, no. 4, 2013, p.482-502.

Articles scientifiques

Yanick Noiseux, Marie-Pierre Boucher